Prague dans les années 1960 : des photos inédites de Boris Baromykin exposées au Musée de la ville de Prague

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L’exposition intitulée « Co čas už nevrátí » (Ce qui ne peut revenir avec le temps), qui se tient au Musée de la ville de Prague, présente des photos inédites de Prague dans les années 1960. Radio Prague vous propose aujourd’hui un entretien avec l’auteur de ces photos, Boris Baromykin, connu surtout comme caméraman de séries et films d’animation, dont La planète sauvage de René Laloux, qui a gagné le prix du jury à Cannes en 1973.

Grâce à un relâchement politique en Tchécoslovaquie, accompagné également par un rayonnement culturel, les années 1960 représentent, jusqu’à nos jours, une époque énigmatique et attrayante. Boris Baromykin, qui étudiait à l’époque à l’école de cinéma de Prague, la FAMU, a immortalisé cette période à travers ses photos. Pourtant, ce n’est qu’une cinquantaine d’années plus tard que celles-ci peuvent finalement voir le jour :

« Prendre des photos, c’était mon plus grand passe-temps mais je n’ai jamais eu assez de temps pour les agrandir et les développer. Je n’ai donc réussi à les redécouvrir qu’à la retraite. Et c’est seulement avec cette distance temporelle que je me suis rendu compte que ces photos avaient une valeur que j’ignorais auparavant. J’ai donc commencé à les considérer comme un témoignage d’une certaine époque. »

Boris Baromykin,  photo: Martina Schneibergová
En 1998, Boris Baromykin commence par une exposition à Třebíč présentant des vieilles photos de sa ville natale. Aujourd’hui, il fait découvrir la capitale tchécoslovaque des années 1960 à travers une centaine de photos documentaires en noir et blanc, prises dans les rues de Prague, qui charment le public par leur poétique spécifique :

« Je crois que c’est le caméraman qui se manifeste en moi parce que même avec mes photos, j’ai besoin de raconter une histoire. J’avais besoin de retenir ce qui se passait dans la ville, les impressions que la ville me donnait, son atmosphère… Je photographiais donc surtout les gens et leurs activités. Mais parfois, quand je voyais une belle image de Prague ou d’autres endroits, je ne résistais pas à l'envie de prendre une photo artistique. Celles-ci sont néanmoins moins nombreuses que les photos documentaires. »

Photo: Boris Baromykin / Musée de la ville de Prague
Mis à part les images captant les moments extraordinaires du quotidien pragois, une série de photos d’enfants fait également partie de cette présentation de la Prague d’antan :

« Les photos d’enfants appartiennent sans aucun doute à cette série des photos documentaires de Prague, comme l’a confirmé aussi le journaliste Josef Chuchma lors du vernissage de l’exposition, en disant que ces photos montrent Prague à l’époque où la neige restait sur les routes, où les enfants pouvaient jouer dans les rues, où les touristes ne l’envahissaient pas encore et où elle semblait être calme et paisible. »

La deuxième partie de l’exposition présente une cinquantaine des photos de scènes culturelles pragoises d’importance, comme Apollo, Rokoko, Lucerna ou Semafor. Travaillant comme photographe-pigiste, Boris Baromykin a donc pris en photo de grands artistes de théâtre, de la musique populaire et du jazz, qu’il s’agisse d’interprètes tchécoslovaques comme Karel Gott ou de stars étrangères qui ont pu, surtout pendant la deuxième moitié des année 1960, se produire à Prague, comme par exemple Duke Ellington, Louis Armstrong ou Dizzy Gillespie :

Photo: Boris Baromykin / Musée de la ville de Prague
« La scène culturelle est inséparable des années 1960 à Prague. Quand j’ai découvert ces photos dans mes archives, j’ai considéré comme nécessaire de les incorporer dans cette exposition puisqu’elles contribuent à présenter Prague à cette époque. J’y vois donc un rapport logique avec mes photos documentaires. De plus, j’aimais beaucoup l’atmosphère des concerts et des spectacles, souvent soulignée par l’utilisation du contre-jour. Donc, mis à part le côté visuel et sonore, cette atmosphère était intéressante même pour le photographe. »

Même si Boris Baromykin désigne souvent ses photos comme documentaires, l’exposition présente surtout le meilleur d’un travail artistique et qui lui tient à cœur :

Photo: Boris Baromykin / Musée de la ville de Prague
« Je suis un photographe atypique parce que je ne porte pas mon appareil partout avec moi, comme la plupart des photographes le font pour ne pas rater ‘la photo de leur vie’. Quand je vais photographier, je dois avoir du plaisir et je dois avoir une motivation pour le faire. C’est parce qu’avec l’appareil autour du cou ou dans la main, je vois le monde différemment. Et ces photos de Prague sont nées de cette manière. Un jour, je me suis levé et je me suis dit que ce jour-là, j’avais envie de partir dans les rues. Et je l’ai fait. »

L’exposition est à voir au Musée de la ville de Prague jusqu’au 11 octobre 2015.