Pour tester les taxis, la Ville de Prague a maintenant recours à une agence de sécurité

La capitale tchèque compte près de 3700 taxis. Des taxis qui ont, de par le monde, très mauvaise réputation. Prix exorbitants, chauffeurs peu engageants, ce ne sont là que quelques reproches faits aux taxis pragois. Depuis quelques temps déjà, la mairie a mis en place un système de contrôle. Vérification des permis et du matériel ainsi que l'utilisation de figurants pour tester les prix pratiqués par les chauffeurs. On se rappelle du « testing » du maire de Prague, Pavel Bem déguisé en touriste. Le service qui s'occupe des taxis à la mairie ne compte que trois contrôleurs, un nombre très insuffisant pour contrer toutes les arnaques. Du coup, la Mairie a récemment annoncé qu'elle a maintenant recours à une agence de sécurité pour mener également des tests.

Place de la vieille ville en plein centre de la capitale, les taxis vont et viennent déchargeant leur lot de touristes. Si peu de visiteurs se méfient et vérifient la somme qu'ils donnent au chauffeur, certains font toutefois plus attention. Comme William Hong, un jeune Sud Coréen qui raconte son expérience.

« Je me rendais à un endroit où la course ne devait pas coûter plus de 200 Kc. Mais tout d'un coup, j'ai vu que le compteur tournait si vite. J'ai apperçu que le chauffeur a appuyé sur le bouton 3 alors que d'ordinaire, ils pressent le 2. Alors j'ai demandé au gars : pourquoi le numéro 3 ? Il me répond, vous savez, c'est une compagnie de taxi différente. Et là il a commencé à prétendre qu'il ne parle pas anglais. Alors je lui ai dit, je n'aime pas ça, je vais descendre ici. Il me dit, non, non, combien tu payes ? Je lui dis pas plus que 220 Kc. Il me dit OK, t'es un bon businessman ! »

Des histoires comme celle de ce touriste, il y en a des dizaines par jour. Pourtant la situation s'est améliorée ces dernières années. En 2002, près du tiers des courses de taxis étaient sur-taxées, d'après les données de la Mairie. En 2006, ce chiffre serait tombé à 13,6 %. Un constat positif mais qui ne suffit pas. La Mairie a donc fait appel depuis le mois de décembre à une agence de sécurité pour effectuer des contrôles similaires. Une agence dont le nom n'a pas été révélée par les services municipaux. L'agence de sécurité doit normalement pallier le manque de personnel de la Mairie en charge des taxis. Coût de la facture pour trois mois, 150 000 Kc. Et les premiers résultats ne se sont pas faits attendre. Sur 94 inspections menées par l'agence en janvier, 70 chauffeurs avaient dépassé les prix normaux. Jiri Bures, directeur du département des services de taxi de la municipalité, explique le rôle joué par cette agence.

« Il faut dire que le nombre de contrôle va augmenter. Les demandes de contrôles sont de plus en plus nombreuses. Cette société privée en réalise un certain pourcentage. De la même manière que nos employés du service des taxis. Sur la base des résultats des tests de cette agence, nous pouvons poursuivre en justice les fraudeurs et ceux qui pratiquent des prix trop hauts. Les matériaux qu'ils nous fournissent peuvent être en effet utilisés comme preuves. »

Pour réguler les prix, la municipalité a fixé l'année dernière des taux à ne pas dépasser. 40 Kc pour rentrer dans un taxi puis 28 Kc pour chaque kilomètre parcouru et 6 Kc pour une minute d'attente. Des prix jugés trop bas par les associations de taxis. Un chauffeur a même porté plainte contre la Mairie en avançant que la municipailité n'a pas à fixer des prix. Mais la Ville reste ferme et tient à changer l'image désastreuse des taxis de la capitale, surtout pour ne pas affaiblir son tourisme. Les chauffeurs, eux, se font discrets et ne tiennent pas à commenter cette traque aux arnaques. Sur la place Wenceslas, seul Vladimir Leitner, un chauffeur d'un taxi de la compagnie AAA, nous fait brièvement part de son mécontentement.

« Ces contrôles, c'est certainement bon, mais ils devraient toucher plus d'autres compagnies que la mienne. Mais de toute manière ces tests, c'est injuste. Nous nous sentons comme des rats de laboratoire. En plus, les contrôleurs ne sont pas partout, on ne les voit jamais sur la place de la vieille ville, à la gare principale ou celle d'Holesovice. »

En 2008, le paysage des taxis pragois devrait totalement changer. C'est en effet à cette date, que les chauffeurs devront se conformer à de nouvelles règles. Les voitures devront avoir moins de 8 ans et être de couleur jaune. Une réglementation qui ne s'applique pour l'instant qu'aux nouveaux chauffeurs.

Auteur: Luc Camilleri
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