Petr Drulák: "Pas de révolution dans la politique étrangère tchèque après les élections"

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Entretien en ce jour d'élection avec le directeur de l'Institut des relations internationales de Prague, Petr Drulák:

Petr Drulák
Pensez-vous que les résultats de ces élections législatives et des négociations qui vont suivre pour la formation d’une potentielle coalition gouvernementale vont radicalement influencer la politique étrangère de la République tchèque ?

« Je ne pense pas. La politique étrangère de la République tchèque n’a pas, depuis déjà quelques années, une orientation assez claire, donc il n’y a pas beaucoup de choses à changer. Le changement dont on aurait besoin est un changement conceptuel avec une conception plus claire de la politique étrangère tchèque. C’est quelque chose qu’on peut attendre, mais il n’y aura pas de révolution dans la politique étrangère tchèque. Mais dans le dernier débat télévisé entre les leaders des principaux partis politiques, on a quand même senti le besoin de donner une direction plus claire à la politique extérieure tchèque. »

Quels sont les thèmes de politique étrangère qui ont été abordés ? Beaucoup d’observateurs ont regretté le manque de ces thèmes dans la campagne...

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« On sent bien que la politique étrangère ne fait pas partie des thèmes décisifs de la politique tchèque et de la campagne électorale. Je ne pense pas que la République tchèque soit une exception, c’est partout le cas. Mais il y a quand même eu des thèmes liés à la politique internationale, comme la crise économique par exemple. Ce sont des problèmes nationaux avec quand même des solutions internationales. Dans le débat électoral on a également beaucoup parlé de la Grèce, un thème instrumentalisé par tous les partis de droite comme un argument contre les partis de gauche en affirmant que si on n’économisait pas on allait finir comme la Grèce. Les partis de droite ont dit que les partis de gauche entraineraient le pays sur la voie de la Grèce. C’était la référence étrangère la plus importante pendant la campagne... »

Une des seules références à l’UE également, alors que l’ODS est un parti qui est membre du nouveau groupe eurosceptique au parlement européen et que le CSSD met d’habitude en avant leur côté pro-européen. On n’en a quasiment pas entendu parlé pendant la campagne...

« Oui, c’est un thème qui aurait pu être instrumentalisé par le CSSD, qui a quand même répété plusieurs fois répété que l’ODS était isolé en Europe. Mais la grande différence entre la droite et la gauche ici est que les partis de droite affirment que l’issue à la crise passe par la stimulation du secteur privé, tandis que la gauche croit que l’Etat doit intervenir de façon plus intensive, ce qui est davantage dans le 'mainstream' de la politique européenne. »