Paris Photo 2010 : une découverte de la photographie tchèque

Photo: Delphine Warin - Paris Photo 2010

Ce jeudi a été inaugurée, au Carrousel du Louvre, à Paris, la 14e édition du Salon Paris Photo, en présence d’une centaine de galeries et d’éditeurs du monde entier. Cette année, le premier rendez-vous international de l’image fixe met à l’honneur les scènes photographiques d’Europe centrale : avec plus de 90 artistes tchèques, slovaques, hongrois, polonais et slovènes, Paris Photo 2010 couvre aussi bien les avant-gardes historiques que les pratiques contemporaines de l’image. Plus de détails sur cette plate-forme centre-européenne avec le commissaire général de Paris Photo, Guillaume Piens.

Guillaume Piens
« Nous nous sommes focalisés sur ces cinq pays car ils ont un riche héritage photographique. La scène tchèque, l’avant-garde des années 1920 et 1930 est extraordinaire. Ensuite, il y a des artistes plus contemporains que le public français n’a pas connu à cause du rideau de fer, dans les années 1950-1970. Ils sont complètement à redécouvrir. Pour la République tchèque, je prendrais le cas d’Emila Medková, c’est une artiste majeure historique, mais dont le travail n’a pratiquement pas été reconnu. Elle était liée au cercle surréaliste pragois et en 1948, elle s’est lancée dans un documentaire ‘de réalisme magique’, mais en même temps dans la contrainte du dogme du réalisme socialiste… Elle est donc entrée dans la clandestinité pour pouvoir faire ses travaux personnels. Il y a ensuite la nouvelle génération de photographes… C’est très intéressant de voir comment ces artistes ont réagi au choc de la transformation de l’ancien bloc de l’Est. »

Deux galeries tchèques exposent à Paris Photos, la galerie Leica et la galerie Hunt Kastner, ainsi que la maison d’édition Kant/Torst - institutions repérées, à Prague, par Guillaume Piens en personne.

Emila Medková,  Baignoire,  1968,  Leica Gallery
« Leica est une galerie historique, une des rares galeries tchèques à avoir exposé à Paris Photo en 2003 et 2004. Ils ont effectivement un regard historique qui montre différentes générations d’artistes : Emila Medková dont j’ai parlé, Jiri Turek… Pour la partie Statement, c’est une galerie très très contemporaine, Hunter Kastner. Elle présente par exemple Viktor Kopasz, un artiste d’origine slovaque. Il travaille la photographie de manière très originale, comme un journal intime, il créé carrément des livres, des objets photographiques. N’oublions pas la maison d’édition Kant/Torst. La République tchèque est un des pays qui ont cette tradition d’édition photographique. Torst a quand même permis à Anna Fárová de faire toutes ses monographies de Josef Sudek. Ces gens-là ont vraiment contribué à l’histoire et c’est presque miraculeux qu’ils soient à Paris aujourd’hui. Je sais que pour les galeries tchèques, il n’a pas été facile, économiquement, de venir. Nous avons d’ailleurs bénéficié d’un soutien de la ville de Prague… Mais aujourd’hui, ces galeries sont à Paris et les artistes tchèques vont accéder au marché international. »

Vous attendez combien de visiteurs au Salon ?

Photo: Delphine Warin - Paris Photo 2010
« Je pense qu’on va être un peu au-delà des 40 000 visiteurs. Il y a une queue qui s’étend de l’entrée de Paris Photo jusqu’au métro… Elle est vraiment très longue. Il y a une excitation particulière cette année. Tout le monde est ravi de découvrir ces images qui viennent d’Europe centrale. »

Peut-on acheter les photos exposées ?

« Toutes les photos sont achetables, mais il est vrai que les présentations sont tellement muséales qu’on a l’impression d’être dans une grande exposition. »

Le Salon se sera clôturé le dimanche 21 novembre. Samedi, les galeristes de Prague rencontreront le public parisien dans le cadre d’une conférence au Centre tchèque de Paris.