PAC et sécheresse au menu de la rencontre entre ministres tchèque et français de l’Agriculture

Le ministre français de l’Agriculture Didier Guillaume était à Prague ce jeudi pour rencontrer son homologue tchèque Miroslav Toman, photo: Alexis Rosenzweig

Le ministre français de l’Agriculture Didier Guillaume était à Prague ce jeudi pour rencontrer son homologue tchèque Miroslav Toman. Le prochain budget de la Politique Agricole Commune (PAC) figurait parmi les principaux sujets entre les deux hommes, qui refusent une baisse de ce budget mais qui ont encore quelques divergences notamment dues au fait que les exploitations agricoles ont une surface moyenne plus importante en Tchéquie qu’en France. Le ministre Didier Guillaume a évoqué ce sujet ainsi que les problèmes liés à la sécheresse au micro de Radio Prague.

Didier Guillaume,  photo: ČTK/Vít Šimánek
« Nous avons la même position avec les Tchèques : nous avons signé le pacte de Madrid, où 20 Etats européens ont souhaité que le budget de la PAC devait rester au même niveau en euro courant après le départ des Britanniques. La Commission européenne vient de faire une proposition inacceptable selon nous et nous allons travailler dans les semaines qui viennent pour obtenir cela, car si nous n’avons pas de cadre financier pluriannuel suffisamment élevé nous n’arriverons pas à atteindre nos objectifs. Nous voulons un premier pilier fort avec des aides directs plus importantes pour les premiers hectares, pour aider l’agriculture à se développer, les petits agriculteurs en particulier. La République tchèque est sur 133 hectares, la France sur 52 hectares avec le paiement redistributif ce qui correspond à la superficie moyenne d’une exploitation française. »

Parce que les Tchèques ont une superficie moyenne plus importante ?

« Les Tchèques ont une superficie moyenne plus importante. Cela explique pourquoi nous ne sommes pas sur la même position mais ce n’est pas le sujet : la question est de voir quel plafonnement nous aurons le moment venu et surtout que nous aidions l’agriculture à se développer, et que nous aidions, par les payements directs et par les payements redistributifs, les petits agriculteurs à s’en sortir. »

Une période transitoire pour le prochain budget semble être un point important pour le ministre tchèque, comme pour vous.

Le ministre français de l’Agriculture Didier Guillaume était à Prague ce jeudi pour rencontrer son homologue tchèque Miroslav Toman,  photo: Alexis Rosenzweig
« Evidemment il ne faut pas faire de la bureaucratie froide mais plutôt des politiques humaines. La PAC2020 n’est plus post-2020 mais post-2021 ou 2022, cette période transitoire est indispensable et on ne peut pas passer d’un modèle à l’autre d’un seul coup. Donc nous souhaitons avec les Tchèques et d’autres Etats membres que cette période transitoire soit d’au moins deux ans. C’est comme conduire un bateau : ce n’est pas parce qu’on met un grand coup de barre que le bateau va tourner tout de suite, il faut un certain temps. La PAC fonctionne de la même façon, nous allons réorienter les choses vers l’agro-écologie, le sanitaire, les risques engendrés sur le réchauffement climatique mais ça doit se faire avec une transition douce. »

Il fait 36 degrés à Prague aujourd’hui et on parle de plus en plus de sécheresse en République tchèque, notamment en Moravie. Est-ce que ça devient une priorité et un sujet inévitable lors de ces rencontres bilatérales ?

« Bien sûr, on sait très bien que le réchauffement climatique est là, mais plus que le réchauffement c’est le dérèglement climatique qui est immense. On a à la fois de fortes canicules et une sècheresse dans les deux pays. La sécheresse en France est immense, je suis allé sur le terrain toute la semaine, et je suis en train d’obtenir de Bruxelles des mesures dérogatoires. »

Lesquelles ?

Photo: Miloš Turek,  Radio Prague Int.
« Des mesures dérogatoires pour pouvoir faucher les jachères, pour pouvoir rentrer de l’alimentation pour nos animaux. Sinon il y aura des décapitalisations de cheptels, on vendra de la viande alors que ce n’est pas le moment et on va emboliser le système économique. Tout notre système de polyculture-élevage va être mis à mal. C’est pour ça qu’il faut des mesures exceptionnelles de fauchage des jachères, pour les éleveurs mais aussi, j’essaye d’obtenir ça, pour les céréaliers afin de ne pas laisser les moissons sécher sur le sol alors qu’on pourrait s’en servir pour les animaux. »