Nucléaire – Temelín : l’horizon reste sombre pour Areva

Temelín, photo: Filip Jandourek, ČRo

L’appel d’offres lancé par ČEZ pour l’extension de la centrale nucléaire de Temelín se poursuit, et toujours sans Areva, exclu de la procédure à l’automne dernier par la compagnie énergétique tchèque. Jeudi, le Bureau pour la protection de la concurrence économique (ÚOHS) a fait savoir en effet qu’il avait rejeté le recours du groupe français visant à la suspension de l’appel d’offres.

Temelín,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Il s’agissait même du deuxième recours déposé par Areva, qui conteste son exclusion de l’appel d’offres en octobre dernier et a déposé une plainte allant de ce sens. Et comme le premier, ce deuxième recours a lui aussi été rejeté. Le président de l’ÚOHS, l’office anti-monopole tchèque, a expliqué qu’il n’avait pas trouvé d’arguments pour répondre favorablement à la demande d’Areva, car le commanditaire, ČEZ donc, n’a effectué ces derniers temps aucune nouvelle démarche dans la procédure de l’appel d’offres.

En réaction, Areva, qui n’a pas donné suite à notre demande d’interview mais a néanmoins accepté de nous donner quelques précisions, a publié une brève déclaration dans laquelle ses responsables ont indiqué ne pas être surpris de la décision prise par l’ÚOHS. Le groupe français estime que celui-ci n’a en effet pas tenu compte de la situation et du contexte, mais surtout n’a pas débuté l’analyse du dossier. La procédure de fond se poursuivant, comme l’a confirmé le président de l’ÚOHS, Areva, toujours à en croire son communiqué de presse, réfléchit donc pour le moment aux prochaines démarches qu’il compte entreprendre, sans avoir donné plus de détails sur la nature de ces éventuelles démarches. Car, et c’est important de le rappeler, même si Areva reste pour l’instant à l’écart de l’appel d’offres, l’ÚOHS a néanmoins pris une décision en novembre dernier qui empêche la signature de tout contrat pour l’extension de la centrale nucléaire. Autrement dit, si ČEZ, propriétaire de Temelín, peut donc continuer à évaluer les offres des deux candidats restants, la société américo-japonaise Westlinghouse et le consortium tchéco-russe MIR.2000, aucun contrat ne peut pour l’instant être signé avec l’éventuel vainqueur. »

L’achèvement de la centrale nucléaire de Temelín prévoit la construction de deux nouveaux réacteurs pour un montant estimé entre huit et douze milliards d’euros. A la surprise générale, Areva, qui était le seul candidat européen, a été exclu de l’appel d’offres à l’automne après que la partie tchèque a estimé qu’il n’avait pas respecté le cahier des charges. Deux mois plus tard, en décembre, ČEZ avait fait savoir que la première analyse des offres et évaluation des soumissionnaires devrait être achevée pour fin février. Initialement, cette étape était déjà prévue pour la fin de l’année dernière. Suite à cela, un classement des candidats sera établi et de nouvelles négociations relatives à leur offre seront alors menées. Les Tchèques souhaitent connaître le vainqueur définitif avant la fin septembre afin ensuite de signer le contrat pour la fin de l’année, ce qui pour l’heure est donc impossible en raison de la décision prise par l’ÚOHS. Néanmoins, rappelons encore qu’il est prévu que les deux réacteurs en question encore à construire seront mis en service en 2025 au plus tard. Cela laisse donc une certaine marge de temps, et puis il est également tout à fait possible que le gouvernement décide finalement d’abandonner le projet très onéreux d’achèvement de Temelín ou de le remettre à plus tard. Si tel était le cas, Areva aurait certainement moins de regrets.