Municipales et sénatoriales : ce week-end, des élections plus importantes qu’elles n’en ont l’air

Photo: Ondřej Tomšů

Neuf mois après l’élection présidentielle, sept mois avant les élections européennes, les Tchèques sont appelés aux urnes, ces vendredi et samedi, pour les élections municipales et le premier tour des élections sénatoriales partielles qui permettront le renouvellement d’un tiers de la Chambre haute du Parlement. Un an après la nette victoire du mouvement ANO du Premier ministre Andrej Babiš aux élections législatives, les enjeux de ces deux scrutins sont importants, notamment dans les grandes villes, et plus spécialement encore à Prague.

Photo: Ondřej Tomšů
Comme de tradition, c’est à 14H00 ce vendredi que se sont ouverts et à la même heure samedi que se refermeront, après une interruption durant la nuit entre 22H00 et 8H00, les bureaux de vote partout en République tchèque. Au total, les habitants de 6 258 communes choisiront leurs nouveaux représentants parmi un peu plus de 216 000 candidats, dont 33 % sont des femmes. Ces élections municipales sont organisées tous les quatre ans. Les ressortissants étrangers possédant un permis de séjour permanent en République tchèque sont autorisés à y participer, de même que – et c’est une nouveauté depuis cette année - les ressortissants des pays membres de l’Union européenne possédant un titre de séjour provisoire.

Comme le titrait en une de son édition de jeudi le quotidien Hospodářské noviny, « ces élections municipales peuvent agiter la grande politique », et ce tant pour ce qui est de la répartition des forces sur l’ensemble de la scène que pour la situation au sein même des partis. Pour le mouvement ANO, principale formation de la coalition gouvernementale nommée en juin dernier, il s’agira du premier véritable test de sa popularité auprès des Tchèques, un an après un score de près de 30 % aux élections législatives qui lui avait permis d’écraser la concurrence.

La mairie de la ville de Prague,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Un des principaux enjeux de ces municipales se trouve à Prague, traditionnel bastion de la droite, dont la spécificité n’est pas seulement de disposer du statut de capitale mais aussi de celui de région (la République tchèque en compte quatorze) ; une ville- région qui possède un budget de près de 2,5 milliards d’euros, plus important donc que celui de certains ministères, tout en étant, selon Eurostat, la septième région la plus riche de toute l’Union européenne (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/economie/eurostat-prague-est-la-7e-region-la-plus-riche-de-lue). Conscient de l’importance de gouverner aussi dans la capitale, Andrej Babiš, omniprésent durant la campagne, a mis tous les moyens en œuvre, notamment financiers, pour que sa tête de liste, Petr Stuchlík, homme d’affaires jusqu’à peu encore PDG d’un important groupe spécialisé dans les services de conseil financier, succède à Adriana Krnáčová, elle aussi représentante du mouvement ANO dont les Pragois se souviendront d’abord essentiellement parce qu’elle était devenue la première femme de l’histoire élue maire de la ville en 2014. Car pour ce qui est du logement, insuffisant et auquel l’accès est de plus en plus compliqué pour une partie grandissante de la population, des transports ou encore de la rénovation des infrastructures, trois des principaux casse-têtes pour les politiques à Prague, l’action de l’ancienne directrice de l’antenne tchèque de Transparency International a notoirement déçu. Le mouvement ANO fait cependant face dans la capitale à des adversaires de poids incarnés par le parti conservateur ODS et les Pirates, très appréciés des jeunes électeurs tchèques et dont le résultat est attendu avec curiosité par les observateurs de la scène politique tchèque.

Plus généralement, ces élections municipales sont guettées avec une anxiété légitime et non dissimulée par nombre de partis. On pense là en premier lieu à la social-démocratie, sur le déclin depuis quelques années déjà malgré sa présence au sein de la coalition gouvernementale, mais aussi par exemple à l’autre principale formation conservatrice du pays TOP 09 ou aux chrétiens-démocrates, guère plus fringants les uns que les autres même si ces derniers peuvent toujours compter sur le soutien d’un électorat fidèle en Moravie.

Le Sénat,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Un peu moins suivies, les élections sénatoriales permettront, elles, comme tous les deux ans, de renouveler vingt-sept des quatre-vingt-un membres que compte la Chambre haute. Pour connaître leur identité, il faudra toutefois encore attendre le second tour, qui se tiendra en fin de semaine prochaine. Un de leurs intérêts cette année réside dans les candidatures de Pavel Fischer, Marek Hilšer et Jiří Drahoš, désormais bien connus du grand public depuis leur échec, en janvier dernier, à détrôner le président Miloš Zeman du Château de Prague. Tous trois se présentent dans différents arrondissement de Prague et les résultats qu’ils y obtiendront leur donneront une meilleure idée de leur crédit dans l’optique de l’éventuelle suite à donner à leur carrière politique.

Quant aux partis, et plus particulièrement pour ceux de l’opposition, leur ambition sera d’obtenir le plus grand nombre de mandats possible au sein d’un Sénat perçu comme un des meilleurs moyens de contrebalancer la majorité composée du mouvement ANO, des sociaux-démocrates et des communistes à la Chambre des députés.