« Miloš Zeman continuera à faire du Miloš Zeman »

Miloš Zeman, photo: ČTK

Maître de conférences à l’Institut d’études politiques de l’Université Charles à Prague, le politologue Michel Perottino analyse les raisons de la victoire de Miloš Zeman :

Miloš Zeman,  photo: ČTK
« C’est le résultat d’une campagne un peu déséquilibrée avec un président sortant qui ne s’est pas beaucoup montré pour éviter de prêter le flanc à la critique et des adversaires, et notamment le dernier d’entre eux Jiří Drahoš, qui sont restés un peu en retrait par rapport à ce que l’on aurait pu attendre d’eux. »

Malgré les nombreuses critiques dont il a été l’objet tout au long de son premier quinquennat, Miloš Zeman a été réélu. Comment expliquez-vous son succès auprès d’une majorité de Tchèques ?

« C’est un peu difficile d’analyser à chaud, mais ce qu’il est intéressant de constater, c’est qu’il a reçu plus de voix qu’il y a cinq ans de cela. Miloš Zeman doit cela à l’impression générale qu’il a laissée à une majorité d’électeurs, mais aussi à certaines thématiques, et notamment bien entendu la question migratoire. Certes, la participation a été plus importante qu’il y cinq ans de cela et elle est relativement élevée pour la République tchèque, mais cela n’enlève rien au fait que seulement 65 % des électeurs ont participé à ce qui est quand même une élection présidentielle, ce qui reste relativement faible. »

Peut-on s’attendre à un Miloš Zeman quelque peu différent pour son second mandat, ou alors continuera-t-il à faire du Miloš Zeman ?

Michel Perottino,  photo: Archives de l'Université Charles
« Je pense que Miloš Zeman va continuer à faire du Miloš Zeman. La question est plutôt de savoir quels seront les critères de sa politique. Ce qu’il sera intéressant de suivre, c’est son comportement dans les prochains mois notamment vis-à-vis d’Andrej Babiš. On a beaucoup vu que l’un et l’autre se soutenaient. Miloš Zeman avait besoin de rassembler les électeurs d’Andrej Babiš pour l’emporter, mais il faudra désormais voir quelle sera l’évolution de cette alliance. »

N’était-ce pas là finalement le principal enjeu de cette élection présidentielle ?

« Cela a pu l’être surtout pour les électeurs de Jiří Drahoš., mais peut-être moins chez ceux de Miloš Zeman où ce sont davantage des questions plus ‘terre-à-terre’ comme la crise migratoire qui ont apporté de l’eau à son moulin. »