Manifestation contre l’augmentation de la taxe sur les livres

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Des centaines de personnes ont manifesté, ce mercredi, sur la place de la Vieille-Ville de Prague contre l’intention du gouvernement d’augmenter la TVA sur les livres et les périodiques. Ceux qui protestent contre ce projet du cabinet du premier ministre Petr Nečas, estiment qu’une telle imposition des livres nuirait gravement au monde de l’édition tchèque et au niveau culturel de toute la population.

Václav Malý et František Bublan,  photo: CTK
Editeurs, libraires, professeurs d’enseignement supérieur, écrivains, lecteurs - ils sont tous venus pour protester contre l’intention du gouvernement d’augmenter la taxe sur les livres de 17,5% à partir de 2013. Cette mesure reléguerait la République tchèque dans ce domaine au rang de l’Albanie ou de la Biélorussie.

Parmi les manifestants de la place de la Vieille-Ville, il y avait entre autres l’évêque Václav Malý, le député František Bublan, le président du Parti des Verts Ondřej Liška et aussi le président du Pen Club tchèque Jiří Dědeček. Il a expliqué au micro de la radio publique tchèque la raison de sa présence parmi les manifestants :

Ondřej Liška et Tomio Okamura,  photo: CTK
« Pour moi c’est un mélange de bêtise et d’arrogance du pouvoir. C’est ce qu’apporte cette malheureuse loi sur l’augmentation de la TVA. »

Selon l’Union des libraires et des éditeurs tchèque si le gouvernement augmente la taxe sur les livres, cela ne fera pas augmenter sensiblement leurs prix mais se reflétera surtout dans une réduction considérable de nouveaux titres édités dans le pays. C’est ce que souligne aussi le président de l’Union des libraires et des éditeurs, Vladimír Pistorius :

« Ainsi sera considérablement réduite la production de livres tchèques. Chaque année la production des maisons d’édition sera réduite de 5 000 à 6 000 titres. »

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Déjà en 2008, lors de la première augmentation de la taxe sur les livres, la production annuelle de livres en Tchéquie a baissé de 1 800 titres. Selon Vladimír Pistorius la réduction préparée par le gouvernement aboutirait aussi à la suppression de quelque 2 000 emplois dans le secteur de l’imprimerie. Le premier ministre tchèque Petr Nečas ne partage cependant pas cette inquiétude des manifestants. Dans une déclaration pour le magazine Respekt, il a récemment mis en doute ces prévisions en les qualifiant d’apocalyptiques. Selon Martin Vopěnka de la maison d’édition Práh (Seuil), les éditeurs et les libraires refusent d’accepter la nouvelle taxe et préparent une stratégie pour défendre leurs intérêts :

« Nous ne rendons en aucun cas les armes. Mais nous ne voulons pas révéler notre tactique à venir. La loi doit passer maintenant en deuxième et troisième lectures à la Chambre des députés et nous verrons quelles seront les réactions à notre pression. S’il n’y a pas de réaction, nous ouvrirons un nouveau tour de protestations à l’automne. La loi doit passer par le Sénat où elle sera probablement rejetée et ensuite elle sera présentée en lecture finale à la Chambre. »

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Les manifestants de la place de la Vieille-Ville portaient des pancartes exhortant le gouvernement à ne pas lutter contre les livres, mais plutôt contre la corruption considérée par la majorité de la population comme le plus grand problème de la société tchèque.

Les Tchèques sont fiers de leur culture livresque et un tel manque de respect vis-à-vis des éditeurs et des lecteurs ne les laisse pas indifférents. Ils sont déjà 160 000 à avoir signé une pétition contre la nouvelle imposition des livres préparée par le gouvernement.