Lubomír Zaorálek aux manettes du ministère de la Culture

Lubomír Zaorálek et Miloš Zeman, photo: ČTK/Roman Vondrouš

Le président tchèque Miloš Zeman a nommé mardi Lubomír Zaorálek (ČSSD) au poste de ministre de la Culture. Cette nomination vient ainsi clore le long feuilleton à rebondissements de la crise qui agite le gouvernement depuis au moins trois mois. Portrait de cet homme politique de carrière, mais dont la candidature n’était pas une évidence de prime abord.

Lubomír Zaorálek et Miloš Zeman,  photo: ČTK/Roman Vondrouš
Agé de 62 ans, Lubomír Zaorálek a en effet une longue carrière en politique derrière lui, et son premier mandat remonte aussi loin que 1990 où il fut élu député de l’Assemblée fédérale tchécoslovaque. Ancien président de la Chambre des députés et, plus récemment, chef de la diplomatie du gouvernement Sobotka entre 2014 et 2017, Lubomír Zaorálek revient donc dans un nouveau gouvernement de coalition, composé une fois encore du mouvement ANO et des sociaux-démocrates.

La nomination de Lubomír Zaorálek met donc un terme à la crise qui agite ce gouvernement depuis trois mois et demi déjà. En avril dernier, le limogeage du directeur de la Galerie nationale de Prague, Jiří Fajt, avait suscité une vague de soutien en sa faveur et des appels à la démission du ministre de la Culture, Antonín Staněk. Le refus du président Zeman de signer le remplacement de ce dernier par un autre candidat du ČSSD, Michal Šmarda, avait poussé le chef de file du parti Jan Hamáček à parler de « crise constitutionnelle » et l'ombre d'un départ du ČSSD du gouvernement avait un temps plané sur la coalition.

Désormais Lubomír Zaorálek va devoir s’atteler à la tâche et stabiliser un ministère fragilisé. Plusieurs dossiers attendent le nouveau locataire du palais Nostitz, comme lui-même l’a reconnu :

« Il y a un consensus sur la question : personne ne peut réfuter ici que notre patrimoine dans le pays est toujours et encore dans un état désolant. Or, c’est l’héritage de notre passé dont on parle. »

A cet égard, historiens, spécialistes des monuments historiques et autres experts du secteur souhaitent faire réviser le projet de loi sur le patrimoine qu’ils estiment loin de régler la question de la protection des monuments.

Autre priorité, le budget. Le ministère de la Culture souffre d’un sous-financement chronique que le nouveau ministre veut s’efforcer de rééquilibrer :

« Je me suis déjà adressé au Premier ministre à ce propos. J’ai répété qu’il existait une déclaration de programme qui fixe les priorités de la coalition. S’y trouve un engagement très clair sur la question du financement de la culture. J’aimerais que cet engagement soit respecté. J’ai donc déjà demandé un rendez-vous avec la ministre des Finances, Alena Schillerová et je souhaite que la discussion sur le budget de la culture ne soit pas encore close. »

Des discussions sur le budget qui risquent d’être menées dans un contexte délicat : récemment, l’office supérieur de contrôle (NKÚ) – équivalent de la Cour des comptes en France – a critiqué le mode de distribution des subventions que le ministère de la Culture a accordées entre 2016 et 2018. Dans le viseur de l’institution notamment, des irrégularités découvertes dans l’aide accordée au festival du film de Karlovy Vary, qui reçoit chaque année une trentaine de millions de couronnes, soit la plus importante des subventions du ministère.

Enfin, la stabilisation de la situation à la Galerie nationale, celle par qui la crise est arrivée, fera également partie des tâches qui attendent le nouveau ministre. Lubomír Zaorálek a d’ores et déjà laissé entendre qu’il se pencherait sur le limogeage de son ancien directeur Jiří Fajt, dont beaucoup de critiques estiment qu’il est intervenu à la demande du président tchèque.