Lidice demeure un organisme vivant

Přemysl Veverka
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Le 10 juin 1942, la commune tchèque Lidice, située à 20 kilomètres de Prague, a été rasée par les nazis. 172 hommes, dont le plus jeune n’avait que 14 et le plus âgé 84 ans, ont été fusillés, les femmes et les enfants transportés dans des camps de concentration, certains enfants envoyés en Allemagne pour être « rééduqués » selon la terminologie nazie… L’histoire tragique de Lidice qui est intimement connue en Tchéquie et ailleurs, ne cesse de bouleverser 66 ans après. A l’occasion de l’anniversaire de cet événement paraît dans les librairies tchèques un livre qui a pour titre Les chemins qui vont vers Lidice (Jak se chodí do Lidic). On écoute son auteur Přemysl Veverka.

« Le livre couvre plusieurs cercles thématiques. Je parle de l’ancienne commune ainsi que de la réédification de Lidice, après la guerre, je présente les histoires personnelles de certaines femmes de Lidice qui ont survécu aux camps de concentration, ainsi que celles des enfants qui ont eu la chance de rentrer chez eux. Je tiens à dire aussi qui étaient les personnes qui ont causé cette tragédie ».

L’image de Lidice telle qu’elle existait avant la guerre et de ses habitants est l’un des motifs clés du livre. L’auteur brosse soigneusement et presque amoureusement le portrait de la commune d’avant le massacre qui, avec une centaine de maisons, constituait un organisme très vivant et qui pouvait se targuer d’une riche vie culturelle, sportive et de société. A cette époque-là, près de 500 personnes vivaient à Lidice. La plupart des hommes travaillaient comme mineurs ou métallos dans la proche ville de Kladno… Le drame est survenu quelques jours après l’attentat commis sur le protecteur du Reich Reinhard Heydrich. Lidice devait connaître le sort de nombreux autres villages et communes qui ont été rasés ou anéantis par les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale et sur la liste noire desquels se fait tristement distinguer le massacre à Oradour-sur-Glane. L’histoire de Lidice semble pourtant avoir un trait spécifique. Přemysl Veverka explique :

« Lidice a une spécificité par rapport à d’autres histoires pareilles. Lorsque les nazis ont commis leur crime, ils l’ont rendu public, ils ont diffusé la nouvelle, ils l’ont filmé, et ils s’en sont vantés. Ils ont fait savoir au monde entier ce qu’ils avaient fait. De ce point de vue, le cas de Lidice est unique. »

Aujourd’hui, Lidice compte plus de 400 habitants. Parmi eux on trouve encore plusieurs personnes qui, femmes et enfants, ont été déportés en 1942 dans des camps de concentration et qui ont survécu.