L'extradition du prince du Qatar éveille des doutes

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Le prince, un membre de la famille royale du Qatar, Hamad bin Abdullah Al Thani, a quitté dans la soirée de ce lundi la prison de Pankrac à Prague, pour regagner le plus tôt possible son pays. La justice tchèque relâche donc ce prisonnier dont l'affaire a dégénéré en un conflit ouvert entre le ministre de la Justice et la procureure générale de la République.

En mai dernier le prince du Qatar est condamné par le Tribunal de Prague à deux ans et demi de prison pour avoir eu des relations sexuelles avec seize jeunes filles mineures dont quatre de moins de quinze ans. C'est une déception pour le ministre de la Justice Pavel Nemec qui cherche, depuis le début de l'affaire, à faire extrader le prince dans son pays. Il souligne que la loi lui permet de décider de l'extradition mais se heurte à une ferme opposition de la juge Monika Krikavova et de la procureure générale de la République Marie Benesova.

Le conflit entre le ministre et la procureure, qui s'accusent mutuellement d'incompétence, prend finalement un tel poids politique qu'il doit être atténué, sinon apaisé par le Premier ministre. Entre-temps, l'avocat du prince fait appel et l'affaire est soumise à la Cour supérieure qui, ce lundi, donne raison au ministre et le prince est relâché pour être livré à la justice du Qatar. D'après la porte-parole de la Cour supérieure, Marika Komonova, en ne respectant pas la décision du ministre, les tribunaux inférieurs auraient violé la loi :"A la suite de la décision du ministre, les tribunaux devaient relâcher l'inculpé, mais ils ne l'ont pas fait."

Hamad bin Abdullah Al Thani sera donc jugé maintenant au Qatar ou le délit dont il est coupable est passible de peines beaucoup plus sévères qu'en République tchèque et où il risque la prison à perpétuité. Néanmoins la presse tchèque constate que le prince est cousin de l'émir du Qatar et spécule sur l'impact de cette circonstance sur l'issue du procès.

L'affaire se poursuivra donc désormais loin des lieux où les délits ont été commis. Selon le porte-parole du ministère de la Justice, Petr Dimun, le Qatar a pourtant promis de collaborer avec les organes tchèques : "J'aimerais attirer l'attention sur le fait que le Qatar s'est engagé, encore avant la décision du ministre de lui céder cette affaire, à tenir la partie tchèque au courant du procès, à ne pas rester indifférent et à prendre des mesures réciproques à l'encontre des ressortissants tchèques. Cela a été confirmé, et simultanément on a ouvert les négociations sur les extraditions des personnes poursuivies."