Les voyages d'Alois Musil revivent grâce à une exposition à Jérusalem

Alois Musil

Chercheur et professeur, mais aussi aventurier et espion : telles étaient les différentes facettes de l’orientaliste tchèque Alois Musil, qui s’est rendu célèbre notamment grâce à ses nombreuses expéditions au Proche-Orient. Cent ans plus tard, son nom revient symboliquement sur ces lieux à travers une exposition à Jérusalem de ses photos de voyages.

Alois Musil | Photo: public domain
Né en 1868 à Rychtářov, en Moravie, à l’époque région de l’Empire austro-hongrois, Alois Musil est d’abord… un prêtre catholique. Son intérêt pour les lieux saints du christianisme le pousse à partir au Proche-Orient, où il étudie la Bible et apprend l’hébreu et l’arabe. Son caractère aventureux l’empêche cependant de rester sur les bancs de l’école et il se rend bientôt dans le désert. Au tournant des XIXe et XXe siècles, Alois Musil partage la vie des bédouins et effectue de nombreuses expéditions aux quatre coins de la région. Ses voyages lui permettent de découvrir notamment le château du désert Qusair Amra, un des exemples remarquables de la première période de l’architecture islamique, situé en Jordanie. Et c’est cette trouvaille qui lui permet de gagner la reconnaissance du milieu académique européen.

Alois Musil revient au Proche-Orient lors de la Première Guerre mondiale, cette fois en tant qu’espion de l’Empire austro-hongrois. L’objectif de sa mission : surveiller les tentatives d’un certain Thomas Edward Lawrence. Plus connu sous le pseudonyme de Lawrence d’Arabie, l’explorateur britannique s’efforce alors d’organiser une rébellion arabe contre un des alliés des Habsbourg, l’Empire ottoman.

Après la fondation de la Tchécoslovaquie, Alois Musil est contraint de quitter Vienne, où il travaille comme professeur à l’université, pour rejoindre son pays natal. Il devient l’un des fondateurs de l’Institut d’études orientales de l’Université Charles et publie, jusqu’à sa mort en 1944, près de 70 livres et 1 400 articles.

Une exposition est actuellement consacrée à ce célèbre aventurier tchèque, parfois désigné comme le Lawrence de Moravie, à Jérusalem, la ville dans laquelle il a entamé, à la fin du XIXe siècle, ses études orientales. Pour parler davantage de cette exposition, Radio Prague a contacté le vice-président de l’Association académique d’Alois Musil, Pavel Žďárský :

« L’exposition présente des photos qu’Alois Musil a faites durant ses voyages et expéditions au Proche-Orient. Il a documenté des endroits et la vie des bédouins depuis son arrivé à Jérusalem en1895 jusqu’en 1915. L’exposition est divisée en plusieurs sections thématiques. Il y a des photos de Jordanie, d’Israël, d’Arabie saoudite et même de Syrie. Chaque photo est accompagnée d’une légende qui fournit des informations sur la localité ou sur l’époque à laquelle elle a été prise. »

Jérusalem,  photo: ČTK
Plusieurs dizaines de photos d’Alois Musil sont exposées à l’Hospice autrichien dans la vieille ville de Jérusalem. Pavel Žďárský explique le choix de ce lieu :

« L’Hospice autrichien fête cet automne le 160e anniversaire de sa fondation. Il s’agit d’un lieu qui, autrefois, était fréquemment visité par les pèlerins de l’Empire austro-hongrois, parmi lesquels le professeur Alois Musil. Pour marquer le coup, nos partenaires autrichiens ont organisé différentes conférences, dont une était consacrée justement à Alois Musil. C’est la raison pour laquelle la mission diplomatique tchèque qui opère sur le territoire de l’Autorité palestinienne nous a proposé d’exposer ces photos dans les locaux de l’Hospice autrichien à Jérusalem. »

Pavel Žďárský,  photo: Vendula Trnková / Akropolis
Le nom de l’orientaliste tchèque est tout sauf méconnu dans la région, puisqu’il s’agit déjà de la quatrième exposition consacrée à’Alois Musil au Proche-Orient. Pavel Žďárský :

« L’exposition est organisée sous le patronage du ministère tchèque des Affaires étrangères. Elle a été précédemment présentée à Riyad, à Amman et à Bethléem. Actuellement, elle se tient à Jérusalem et devrait prochainement être présentée également à Bahreïn, à Djeddah, en Arabie Saoudite, et bien sûr aussi à Prague. »

En attendant qu’’elle arrive jusqu’en République tchèque, l’exposition est à voir à Jérusalem jusqu’à la fin du mois de novembre. Avis donc aux orientalistes des temps modernes de passage…