Les violences en ligne, un problème négligé en République tchèque

Photo illustrative: Kristýna Maková

Près d’un enfant tchèque sur deux a été dans sa vie confronté à une forme de violence en ligne. Mais les « cyberviolences » touchent aussi de nombreux adultes. Bien que le taux de ce type de criminalité augmente, la République tchèque ne possède actuellement aucune législation allant dans ce sens et le thème des violences en ligne n’est que très peu discuté dans la société. C’est la raison pour laquelle le ministère de l’Intérieur et l’ONG Gender Studies ont organisé, jeudi, une conférence intitulée « Stop aux cyberviolences sur les femmes et les hommes ».

Photo illustrative: Kristýna Maková
Intimidations, insultes, cyberharcèlement ou abus de données personnelles… ce ne sont que quelques exemples de différentes formes que peut avoir la violence en ligne. Tandis qu’on imagine le mot « violence » surtout comme une agression physique, dans la réalité virtuelle, son objectif est plutôt d’humilier la victime ou de l’isoler du reste de la société. La conférence au ministère de l’Intérieur, destinée notamment aux policiers, aux fonctionnaires chargés de la protection des enfants, à différentes ONG et individus luttant contre les violences, ou encore à des opérateurs téléphoniques et à des fournisseurs d’accès à Internet, s’efforçait justement de mieux renseigner sur ce dernier type. La psychologue au sein de la police, Ludmila Čírtková présente :

Ludmila Čírtková,  photo: Alžběta Švarcová,  ČRo
« La cyberviolence est par exemple l’envoi de texto choquants de type ‘si tu ne transmets pas ce message, ta mère mourra d’ici deux jours’. Il existent toutefois aussi des formes plus radicales des violences en ligne, comme des intimidations et menaces directes, l’envoi des photos intimes, etc. »

Selon Ludmila Čírtková, des ex-partenaires qui veulent se venger sont les auteurs des violences en ligne chez les adultes dans plus de la moitié de cas, la deuxième place étant occupée par des individus convaincus d’avoir trouvé leur partenaire idéal, et cela même si ce dernier les refuse. Les cyberviolences sont souvent accompagnées aussi de violences physiques, dont des agressions sexuelles.

Pourtant, si le harcèlement physique est considéré comme un crime depuis 2010, il n’existe pas, en République tchèque, de législation relative à ce type de la cybercriminalité. De plus, pareillement comme chez les victimes des viols ou des violences domestiques, les personnes confrontées aux violences psychiques ont souvent une tendance de se sentir responsable de leur situation et refusent d’alerter la police. Cela se manifeste notamment chez les enfants qui espèrent qu’un jour ou l’autre, ces tracasseries s’arrêteront. Comme l’indique Marie Pospíšilová, chercheuse au sein de l’organisation Gender Studies et auteure d’une étude abordant la problématique de la cybercriminalité, parler de ce problème s’avère néanmoins très important :

Photo illustrative: ČT24
« C’est avant tout l’environnement social de la victime qui joue un rôle crucial, car il peut l’aider à reconnaître qu’elle a un problème et peut lui montrer qu’elle n’est pas toute seule. Il y a aussi différentes ONG et quand il s’agit d’un crime, il faut s’adresser à la police. »

Une autre conclusion de la conférence : les experts estiment que les Tchèques partagent dans l’espace virtuel toute une sorte de matériaux personnels, sans se rendre compte de risques que représentent d’éventuels abus. Directrice de Gender studies, Helena Skálová précise aussi que le public tchèque est très peu familiarisé avec ce thème, ce qui pourrait être imputé au fait que les nouvelles technologies, et donc aussi de ce type de problèmes, ont apparu en Tchéquie plus tardivement que dans la plupart des pays occidentaux :

« Nous sommes toujours un pas derrière les pays occidentaux. Nous devons donc faire actuellement face aux problèmes que l’Ouest a déjà derrière lui. Ces pays en question ont des moyens plus développés pour lutter contre ce type de violences, notamment au niveau de la législation. Malgré cela, le taux de cyberviolences augmente dans le monde entier. »

Photo illustrative: Lupuca via Foter.com / CC BY-SA
Quant aux violences en ligne chez les enfants, les experts affirment que ce nouveau type remplace graduellement la brimade physique dans la plupart des écoles primaires et secondaires dans le pays. Pour lutter contre cette nouvelle tendance, le ministère de l’Education propose désormais aux écoles un manuel conseillant aux enseignants comment agir quand ils révèlent ce type d’agressions chez leurs élèves.