Les vents du Proche-Orient soufflent de nouveau sur Prague

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Le festival de la culture orientale « Nad Prahou půlměsíc » - « Croissant de lune au-dessus de Prague » s’invite de nouveau à Prague. Organisatrice de la manifestation, l’association Komba a déjà produit par le passé plusieurs festivals très thématiques, tels que Afrique en création ou « Nous sommes tous africains ». C’est en 2009 que l’idée d’organiser un événement qui attirerait l’attention sur les cultures du Proche-Orient a germé. Grâce au soutien de la mairie de Prague, du Fonds national pour la culture, de l’Institut français de Prague et des ambassades du Koweït et d’Egypte en République tchèque, le festival existe encore quatre ans plus tard. Au micro de Radio Prague, Lucie Němečková, organisatrice et principale dramaturge de « Croissant de lune au-dessus de Prague », a dévoilé le contenu et l’intérêt même de ce projet.

Dominique Houdart,  photo: Facebook du festival Nad Prahou půlměsíc
C’est déjà la cinquième édition de ce festival. Pouvez-vous présenter plus en détail son principe ?

« Ce festival est consacré aux cultures du Proche-Orient. Cette année, son programme est riche, et ce du 22 au 24 novembre. On commence au théâtre « Divadlo Na Prádle » à Prague avec un spectacle d’un des meilleurs marionnettistes français, Dominique Houdart, qui est déjà venu plusieurs fois en République tchèque, où il est connu grâce à ses extraterrestres Padox. Cette fois, Dominique Houdart vient avec un spectacle plus intime, qui parle des philosophes grecs jusqu’à nos jours. Parmi eux, on trouve bien sûr des philosophes arabes soufis, comme par exemple Djalâl ad-Dîn Rûmî (mystique persan musulman, ndlr). En fait, ce voyage à travers le temps, c’est aussi une ouverture sur les divers philosophes, sur les diverses pensées, sagesses et cultures. Lorsque l’on dit théâtre de marionnettes, on pense souvent au théâtre pour les enfants. Mais non, dans son spectacle, Dominique Houdart prouve que le théâtre de marionnettes peut parler aux adultes. Et il le fait avec humour, avec sagesse, avec le jeu, qui est magnifique. »

« Après ce spectacle, qui sera sous-titré en tchèque, on va parler en arabe, parce que les étudiants de la faculté des lettres de Prague vont jouer un spectacle de l’écrivain Naguib Mahfouz, ‘Scandale au Caire’ (issu d’une de ses œuvres les plus importantes ‘La Trilogie du Caire’ de 1950, ndlr). C’est une adaptation du roman de ce fameux écrivain qui sera aussi sous-titrée en tchèque. Tel est le programme pour vendredi. »

'Scandale au Caire',  photo: Festival Nad Prahou půlměsíc
« On peut dire que vendredi, il s’agit de la pratique, du théâtre. Et samedi, deux conférences (à la DAMU, l’Ecole supérieure de théâtre à Prague, ndlr) sont prévues sur le théâtre en Syrie et en Egypte. On va accueillir la fameuse théâtrologue de l’Université Ain Shams du Caire, madame Iman Ezzeldin, qui va nous donner une conférence sur le théâtre et la révolution, à savoir comment le théâtre en Egypte a changé après la révolution de 2011. Avant cette conférence, Jan Tošovský, un jeune arabiste tchèque et dramaturge du Théâtre national, donnera une conférence sur la Syrie, qui est considérée comme le berceau du théâtre moderne arabe. Enfin, pour finir, dimanche, nous nous baladerons à Prague avec Charif Bahbouh, un Syrien qui vit depuis longtemps en Tchéquie, et nous emmènera sur les traces des Arabes à Prague. On commencera au Château de Prague pour descendre jusqu’au théâtre « Na Zábradlí », où on enchaînera avec trois textes divers, dont ce seront les premières. » (Il s’agit d’une lecture de récits libanais, d’une lecture scénique de l’œuvre « Les prophètes sans Dieu » du dramaturge algérien contemporain Slimane Benaissa, ainsi que d’une lecture scénique du troisième livre le plus lu dans le monde arabe, « Vivant fils du vigilant » du philosophe andalou Abú Bakr Ibn Tufayl, ndlr).

Le festival a pour thèmes Sagesse, Réflexion/Pensée et Théâtre. Pourquoi ces thèmes ?

« Chaque année, on essaie de choisir un thème intéressant et pour cette année, j’ai choisi la philosophie et la sagesse, parce que j’ai l’impression que l’on réfléchit, que l’on pense de moins en moins. Il y a beaucoup de pensées irrationnelles à l’égard du monde arabe. Il y a des gens qui considèrent ce monde comme un monde dangereux, fou, sans culture. On voit ce monde plutôt à travers la politique qu’à travers la richesse de sa culture. Et c’est pourquoi j’essaie de montrer la diversité des cultures de ce coin du monde, la richesse, les auteurs, les nouveaux textes. Cette année, tout est inspiré par la sagesse, par la philosophie. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le ghetto de la culture, c’est toujours l’ouverture vers les cultures, les rencontres de diverses cultures, avec notre culture et les cultures en Syrie, par exemple, au Liban ou en Egypte. »