Les Triplettes de Belleville sortent en salles tchèques

Les Triplettes de Belleville

A l'approche de la quarantaine, Sylvain Chomet, que j'ai rencontrée récemment à Prague, passe pour un des plus brillants talents du cinéma d'animation mondial. L'année dernière, il a signé son premier et très remarqué long métrage d'animation pour adultes, Les Triplettes de Belleville, présenté hors compétition au Festival de Cannes en 2003. Pour ceux qui ne l'ont pas vu, c'est l'histoire d'un champion cycliste, enlevé, lors du Tour de France, par la mafia et sauvé par sa grand-mère Souza, son chien Bruno et un trio de chanteuses des années 1930. Un film irrésistible, qui mêle humour et mélancolie et qui baigne dans l'atmosphère de la France populaire de l'après-guerre. Présentées en avant-première au Festival du film français, Les Triplettes sortent, la semaine prochaine, en salles tchèques. Comment sont nés les personnages du film ? Sylvain Chomet...

Les Triplettes de Belleville
"Ce sont les gens que j'ai vus, que j'ai rencontrés. Les Triplettes, par exemple, ça pourrait être ma grand-mère maternelle, que je n'ai pas connue, mais dont on m'a souvent parlé. C'était une personne avec un coeur en or, un personnage haut en couleurs. Le chien, par exemple, c'est un chien que j'ai vraiment vu, sur une place de Montpellier. Et je l'ai trouvé tellement fantastique, je m'étais dit : il faut absolument que je le mette dans une histoire. Je voulais voir comment on peut la faire évoluer avec un animal aussi désastreux, finalement. Car il peut à peine marcher, c'est une catastrophe... Et madame Souza... quand je vivais à Montréal, on allait souvent dans un restaurant portugais, et je trouvais que les gens avaient une gentillesse naturelle et ça a fonctionné bien avec ce que je voulais que ce personnage fasse. Sinon, mes personnages naissent par rapport à la façon dont ils vont bouger. Je vois d'abord le mouvement, puis le graphisme. La forme des personnages évolue en fonction de leur façon de se déplacer, tous les tics qu'ils peuvent avoir... D'ailleurs, les réalisateurs ont un mal fou à trouver des acteurs entre 35 et 40 ans. Moi, je n'ai pas ce problème-là. Je les dessine et si ça ne va pas, je les froisse, je les mets à la poubelle et j'en prends d'autres. Par contre, quand le film sort, les acteurs en chair et en os peuvent le représenter à droite et à gauche, mais moi, je suis tout seul..."

Auteur: Magdalena Segertová
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