Les Tchèques de Ruthénie subcarpatique portent plainte à Strasbourg

On continue cette émission avec un litige vieux de plus de 60 ans. Cette semaine, des descendants des habitants de la Ruthénie subcarpatique ont décidé de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme pour obtenir gain de cause. 228 citoyens tchèques espèrent ainsi obtenir les compensations qu'on leur avait promises en 1945.

Après la Deuxième guerre mondiale, une partie de la Tchécoslovaquie avait été attribuée à l'URSS. Un territoire d'environ 20 000 km² qui fait aujourd'hui partie de l'Ukraine, à la frontière avec l'actuelle Slovaquie.

Par un Traité signé en 1945, l'URSS s'était engagée à payer des compensations aux citoyens tchécoslovaques forcés de quitter la région. Mais, alors que Moscou respectait son engagement, le gouvernement de Prague n'aurait versé qu'à peine plus de 1% de la somme reçue aux familles rapatriées.

Aujourd'hui, Josef Havel considère que ce fut « un vol pur et simple ». Il préside l'association de la Ruthénie subcarpatique, qui représente les intérêts des descendants des anciens habitants de la région. Selon lui, environ quatre cent personnes seraient concernées par une potentielle indemnisation, qui pourrait se chiffrer autour d'un milliard de couronnes - 35 millions d'euros.

Le précédent ministre des Finances avait quant à lui évalué le préjudice à 10 milliards de couronnes, mais tous les gouvernements post-communistes se sont appuyés sur les normes adoptées sous l'ancien régime pour ne pas donner suite.

L'association s'est décidée à porter l'affaire devant le juge européen lorsque le budget 2007 a fini par être adopté par le Parlement tchèque, au début du mois. Un budget qui ne prend pas en compte les éventuelles compensations financières.

Apparemment, d'après la jurisprudence de la Cour strasbourgeoise, la plainte déposée cette semaine aurait de bonnes chances d'aboutir. Il y a deux ans, le médiateur de la République avait déjà attiré l'attention sur le sujet. Otakar Motejl avait alors prévenu que Prague ferait bien de régler ce problème, avant qu'il ne lui coûte très cher...