Les Tchèques aiment lire

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Les Tchèques se présentent comme une population de rats de bibliothèques, pour lesquels la langue tchèque possède la charmante expression de „knihomol“. C’est du moins ce que révèle une récente enquête effectuée par le département d’études tchèques à l’Académie des sciences.

Quelques chiffres d’abord : 84 % des Tchèques lisent au moins un livre par an. Le nombre de livres édités par rapport au nombre d’habitants serait supérieur à la moyenne de la plupart des pays européens. La Tchéquie dispose de près de 4 000 maisons d’édition. Plus d’un million et demi de personnes seraient inscrites dans une des bibliothèques publiques ou privées. On en compte plus de 5 000 sur tout le territoire.

L’édition d’un grand nombre de titres variés mais à petits tirages – la pratique d’impression de moins de 200 exemplaires d’un ouvrage n’est pas exceptionnelle – est une spécificité notable du marché du livre national. Existe-t-il aussi une spécificité en ce qui concerne un lecteur tchèque typique ? Le chercheur Jiří Trávníček :

« Il s’avère que chez nous, il n’y a pas de barrières urbanistiques. Autrement dit, chez nous on lit tant dans les grandes villes qu’à la campagne. Une autre spécificité, c’est que l’intérêt pour la lecture ne diffère guère entre les générations, tandis que dans d’autres pays européens, les jeunes lisent en général plus que les vieux. Force est en revanche de constater que le clivage entre hommes et femmes - bien que partout ce soient les femmes qui lisent le plus - est chez nous plus prononcé qu’en Europe occidentale. »

L’éditeur Jan Kanzelsberger trouve encore une autre caractéristique au lecteur tchèque, tirée de sa propre expérience :

Jan Kanzelsberger
« Le lecteur tchèque est plus conservateur dans le choix des livres par rapport à ce que l’on peut voir ailleurs en Europe. C’est le fruit notamment du contexte historique, car le marché du livre ouvert et libre n’existe chez nous que depuis vingt ans. »

Un constat surprenant à la fin : la crise économique semble avoir évité le domaine du livre. Sauf que le nombre d’ouvrages qui ont été édités et vendus au cours de l’année dernière a légèrement baissé. Les éditeurs et les libraires sont pourtant loin de déplorer cette situation. Ils estiment que c’est plutôt bien, en raison du fait que le marché national du livre tel qu’il se présentait jusque-là, était sursaturé.