Les pilotes de Czech Airlines mécontents, 25 vols annulés à l’aéroport de Prague

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Pour la première fois dans l’histoire de ČSA – Czech Airlines, des avions sont restés au sol à l’aéroport de Prague, jeudi. Opposés au plan de restructuration prévu par leur direction, une centaine de pilotes de la compagnie aérienne publique tchèque, qui n’étaient pas en grève, ont manifesté leur mécontentement en restant chez eux, prétendument pour raisons de santé. La moitié des vols, vingt-cinq au total, a donc dû être annulée, une situation pour le moins inhabituelle en République tchèque.

Filip Gaspar  (1er de gauche),  photo: CTK
Concrètement, les pilotes sont opposés au transfert de onze des trente avions appartenant actuellement à ČSA vers Holidays Czech Airlines, une filiale de la compagnie nationale tchèque spécialisée dans les vols charters. Celle-ci possède une grille de rémunération nettement moins onéreuse que celle de ČSA, le montant des salaires des pilotes dépendant de leur nombre d’heures de vols. Mais leurs émoluments ne constituent pas la seule préoccupation des pilotes, du moins si l’on en croit le porte-parole de l’Association tchèque des pilotes de transport (Czalpa), Filip Gaspar :

« ČSA, il y a encore deux ans de cela, possédait 52 avions. Le plan de restructuration qui a ensuite été adopté prévoit de ne plus posséder à la fin de la restructuration, c’est-à-dire l’année prochaine, que 27 avions, en comptant la flotte régionale qui est indispensable pour une compagnie comme ČSA si elle veut assurer le transit des voyageurs. Mais en réalité, si les décisions prises par la direction sont appliquées, ČSA ne possèdera plus que 19 appareils dans quelques mois et même sans doute moins par la suite. Il ne s’agira alors plus que d’une toute petite compagnie qui n’intéressera plus personne. »

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Cette réduction de la flotte aérienne n’est pas l’unique raison du mécontentement des pilotes relatif aux perspectives d’avenir de ČSA. Filip Gaspar :

« La deuxième est que ČSA est destinée à être privatisée. ČSA en tant que compagnie nationale a besoin de lignes régionales pour transporter les voyageurs en transit pour d’autres vols. Le problème est que les appareils servant à ces vols régionaux sont actuellement transférés de ČSA vers une filiale. Ce qui restera alors de ČSA, c’est-à-dire les 19 appareils, voire peut-être mois encore, ne seront plus intéressants pour quelque investisseur potentiel que ce soit, justement parce que ČSA a besoin de ces vols régionaux. »

La direction de ČSA, qui a fait savoir que les pilotes protestataires seraient sanctionnés, ne voit bien entendu pas les choses de la même manière et affirme ne pas comprendre le mécontentement de ses pilotes, comme l’explique la porte-parole de la compagnie, Hana Hejsková :

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« C’est précisément le contraire de ce que pensent les pilotes. A la fin du mois d’octobre a été approuvée la création de l’Aeroholding tchèque, qui prévoit notamment le rassemblement de ČSA avec la société de l’Aéroport de Prague. Dans le cadre de cette holding est prévue une nouvelle répartition des activités et des sources au sein du groupe. Le transfert des appareils est donc un transfert vers une société sœur et tout se passe selon le plan de restructuration. »

Vendredi, les pilotes ont indiqué qu’ils entendaient poursuivre leur mouvement de protestation, mais sous une autre forme qui reste encore à définir. La réduction de la masse salariale constitue une composante importante du plan de restructuration de la compagnie aérienne publique tchèque, qui enregistre d’importantes pertes depuis plusieurs années (1,1 milliard de couronnes en 2010, 3,2 milliards en 2009). Par ailleurs, ČSA a récemment prévu de licencier 20 % de ses 350 pilotes.