Les petits cinémas face aux multiplex

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L'arrivée des multiplex, sur le marché audiovisuel en Tchéquie, a considérablement changé la situation des petits cinémas dont certains ont fait faillite et d'autres sont menacés de disparition. Une table ronde sur la problématique des petits cinémas a été organisée à Prague, dans le cadre des Journées du cinéma européen actuellement en cours. Les représentants du cinéma tchèque, qui ont participé au débat, se sont plaints de la passivité de l'Etat tchèque qui ne fait rien pour limiter l'expansion des multiplex et pour aider les petites salles. Par contre, Olivier Watling du Centre national de la Cinématographie de France, cherchait plutôt les aspects positifs de cette nouvelle situation.

Quels sont les inconvénients et les avantages des petits cinémas ?

"Les inconvénients sont sans doute le manque de confort et de qualité, le fait de n'avoir souvent que l'écran unique qui fait qu'on n'a pas une programmation très variée et qu'on prend donc plus de risques. Les avantages, c'est sans doute leur emplacement, souvent dans les centres-villes et aussi leur programmation, l'activité, l'animation de la salle, et ce qu'on appelle souvent en français l'identité qu'ils arrivent à donner à la salle, qui fait qu'ils ont un public identifié à la salle."

Est-ce qu'on peut trouver un mode de coexistence entre les petits cinémas et les grands multiplexes ?

Le cinéma Aero
"Et bien j'espère. En France et dans d'autres pays aussi, on voit qu'il y des façons de coexister. Les vrais cinémas menacés par les multiplex, si l'on regarde l'expérience française, ce ne sont pas les cinémas "art et essais" mais plus les cinémas généralistes, les cinémas commerciaux généralistes. Ce sont eux qui ont le plus souffert et beaucoup ont disparus. Les cinémas "art et essais" et les multiplexes peuvent avoir une existence et une programmation assez complémentaires, et en France on n'observe pas de conflits particuliers. Il est important de souligner que, finalement, cela bénéficie à tout le monde - au public qui a plus de choix entre les films, mais aussi aux deux catégories des salles de cinéma dans la ville, aux cinémas "art et essais" et aux multiplexes. Partout on observe que le nombre d'entrées a augmenté grâce à l'apparition des multiplexes, notamment, et même les salles "art et essais" ont bénéficié de ce mouvement de hausse de la fréquentation. On peut vivre donc en double, en concurrence sur le marché qui lui - même, va grandir. Si l'on vit seul, si l'on va éliminer tous les concurrents, le marché va rétrécir et diminuer. Il est important que les multiplexes comprennent aussi qu'il ne faut pas tuer les petites salles ou les faire disparaître parce qu'ils vont, eux-mêmes, vivre mieux grâce à cette concurrence."

En République tchèque, la situation est bien sûr assez différente encore, les petites salles sont menacées. Est-ce qu'il y a une possibilité de les soutenir, de les aider au niveau européen ?

"Oui. Il y a un réseau de salles qui s'appelle Europa Cinemas qui soutient les cinémas indépendants et s'engage à faire la promotion et la diffusion des films européens. Et, en contre partie de cet effort et du risque pris pour les films européens, les cinémas reçoivent une subvention qui leur permet de changer d'équipement, de moderniser la salle. C'est une action qui s'est renforcée au cours des années, et c'est très important. Il faut éviter ce qu'on appelle en français le ghetto culturel. C'est à dire que les films européens, les films "art et essais" ne soient vus que dans les salles un peu vieilles, pas très bien équipées, pas très confortables. Il faut que le spectateur ait les mêmes conditions de confort en voyant un film d'Hollywood ou un film "art et essais". Il n'y pas de raison qu'on aille voir un film européen et qu'on soit mal assis et qu'on soit bien assis pour un film américain seulement."