Les "nouveaux Vietnamiens" en République tchèque

Le salon de thé vietnamien, photo: Tomas Tesar, Reflex

De petits commerçants ayant submergé, avec leurs produits de qualité douteuse, toute la République tchèque... Une image stéréotypée et quelque peu méprisante que se font souvent les Tchèques de leurs cohabitants vietnamiens. Il est temps qu'elle évolue : nous assistons à l'apparition d'une nouvelle génération de "Vietnamiens tchèques", plus instruite et plus ambitieuse que la précédente, ainsi qu'à un renouveau dans les relations entre les deux pays dans le champ de l'enseignement supérieur.

L'aventure des Vietnamiens au coeur de l'Europe commence avant la Révolution de velours. La Tchécoslovaquie communiste leur propose de suivre des programmes de formation universitaire. Les jeunes Vietnamiens sont nombreux à en profiter et à s'installer, par la suite, dans le pays. Aujourd'hui, ils constituent une des plus fortes communautés étrangères en République tchèque : près de 70 000 personnes selon les estimations non-officielles. L'activité principale de cette première vague d'immigrés vietnamiens est, en effet, le petit commerce : si, à l'époque, ils vendaient des jeans et des montres digitales dans la rue, aujourd'hui, la plupart d'entre eux possèdent leurs propres magasins. Objets de moquerie, à cause de leur qualité médiocre, ces tee-shirts aux couleurs éclatantes, lunettes de soleil et chaussures jetables se vendent pourtant très bien, grâce à des prix ridiculement bas.

"La société majoritaire est plus tolérante à l'égard des Vietnamiens qu'envers les Roms", constate, dans son article sur les nouvelles élites vietnamiennes, l'hebdomadaire Reflex. Le magazine est allé à la rencontre des enfants de ces commerçants : les membres de cette première génération des Vietnamiens qui a grandi en Tchéquie sont sûrs d'eux, fiers de leurs racines, mais bien intégrés à la société tchèque. Des problèmes d'identité ou de racisme, ils ne connaissent pas.. Ils maîtrisent parfaitement les deux langues, ont d'excellents résultats scolaires et... visent tous des universités. "Les parents vietnamiens sont beaucoup plus soucieux de l'éducation de leurs enfants que les Tchèques moyens", constate, non sans amertume, Reflex.

D'autres étudiants arrivent actuellement en Tchéquie du Viêt-nam : après une pause de quatorze ans, ils auront de nouveau la possibilité de se former dans des universités tchèques, mais à condition qu'après l'obtention du diplôme, ils retournent au Viêt-nam. S'ils maîtrisent le tchèque, l'enseignement est gratuit. Les jeunes Asiatiques optent surtout pour des formations techniques des universités de Zlin, Liberec et Ostrava. Souffrant d'un manque de candidats, ces dernières les accueillent à bras ouverts.

Auteur: Magdalena Segertová
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