Les femmes tchèques pourront désormais accoucher sans médecin, mais toujours à la maternité

Photo: Jiří Němec

Ce n’est pas une révolution, mais la décision prise jeudi par le ministère de la Santé représente quand même une certaine évolution pour les mères tchèques. A compter du 1er janvier prochain, il leur sera désormais possible d’accoucher sans l’assistance d’un médecin, mais toujours, néanmoins, à la maternité. Seule la présence d’une sage-femme sera désormais obligatoire pour que les frais d’hospitalisation soient pris en charge par les assurances.

Photo: Jiří Němec
Jusqu’il y a peu encore, une très grande majorité de femmes tchèques accouchaient à la maternité sans trop se poser la question de savoir si elles pouvaient mettre au monde leur enfant dans d’autres conditions, peut-être plus alternatives, en tous les cas dans un environnement moins médicalisé, moins assisté, moins impersonnel, mais à l’inverse peut-être plus naturel et propice à l’épanouissement de la relation mère-enfant dès les premières minutes suivant l’accouchement. Depuis quelques années cependant, et même si elles restent encore très minoritaires, les femmes tchèques enceintes sont aussi de plus en plus nombreuses à vouloir accoucher « autrement ».

En juin dernier, le médecin français Michel Odent, promoteur des diverses méthodes alternatives d’accouchement, était de passage à Prague. Au micro de Radio Prague, il avait alors expliqué, entre autres, quelles sont aujourd’hui, selon lui, les conditions idéales pour accoucher :

Michel Odent,  photo: Pumpkingood,  CC BY-SA 3.0 Unported
« La physiologie moderne nous dit qu’il faut savoir protéger la femme qui accouche du langage qui stimule le cerveau, l’intellect de la lumière qui stimule aussi le cerveau, et que le besoin de base de la femme qui accouche est de se sentir en sécurité, sans se sentir observée. Cela nous conduit à comprendre le rôle de la sage-femme en tant que figure maternelle. En face de sa mère, idéalement, on se sent en sécurité, protégée, sans se sentir observée. »

La nouvelle réglementation adoptée par le ministère de la Santé ne permettra pas encore tout cela aux femmes tchèques. Néanmoins, et à condition que les neuf mois de grossesse se soient passés sans complication, après consultation médicale au moment de son arrivée et de sa prise en charge par le personnel à la maternité, la future mère pourra demander à accoucher sans médecin, celui-ci n’intervenant plus alors qu’en cas d’urgence. Seule une sage-femme assistera alors la maman pendant toute la durée de son accouchement, dont les frais seront remboursés par les compagnies d’assurances. Cette sage-femme sera une employée de la maternité ou interviendra en tant qu’externe après avoir préalablement signé un contrat avec la maternité.

Photo: Kristýna Maková
Cette nouvelle réglementation n’autorise cependant toujours pas les accouchements à domicile, qui depuis quelque temps font l’objet d’un vif débat en République tchèque. Si la loi ne les interdit pas formellement, elle n’autorise cependant pas non plus les femmes à accoucher chez elles avec l’aide d’un professionnel de la santé, le droit tchèque stipulant que les sages-femmes ne peuvent prêter leur concours que dans des lieux, concrètement une maternité, dotés du matériel requis par la loi. Par ailleurs, les accouchements à domicile sont entièrement à la charge des parents, et non des assurances.

Selon le ministère de la Santé, entre 5 et 10 % de femmes tchèques souhaiteraient actuellement accoucher uniquement en présence d’une sage-femme. Bien que cette possibilité soit une avancée pour certaines, pour d’autres, cette évolution est encore bien loin d’être une révolution.