Les extrémistes tchèques sont moins visibles qu’auparavant

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Les mouvements extrémistes en République tchèque ont été moins actifs au cours du deuxième trimestre de cette année. Cet apaisement relatif s’explique notamment par leur incapacité à trouver de nouveaux thèmes mobilisateurs après la crise migratoire. Ces informations relèvent d’un rapport sur l’extrémisme publié ce lundi par le ministère de l’Intérieur.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Selon le rapport, qui est élaboré chaque trimestre, les mouvements d’extrême-droite ont été moins visibles au cours de ces trois derniers mois également en raison de discordes internes qui les agitent et les affaiblissent. Il est question notamment du conflit entre le Parti ouvrier de la justice sociale (DSSS) et la Démocratie nationale, deux des principales formations d’extrême-droite en République tchèque, et de la division du groupuscule « Bloc contre l’islam » en deux entités indépendantes et opposées l’une à l’autre. Cela a également pour conséquence la faible influence de l’extrême-droite, qui s'est manifestée notamment par une faible fréquentation aux traditionnelles manifestations du 1er mai. Le fait que les radicaux tchèques sont à présent moins actifs est aussi confirmé par Miroslav Mareš, expert sur les questions de l’extrémisme à l’Université Masaryk de Brno :

« Je crois qu’on peut être d’accord avec ce rapport car les mouvements extrémistes ont été moins actifs que lors de la même période de l’année dernière. D’autre part, cela ne signifie pas qu’ils ont disparu. Le fait qu’il y a eu un apaisement ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’extrémisme du tout. Il y en avait toujours. Mais par rapport à certains des mois précédents, la situation s’est avérée moins dramatique. »

Miroslav Mareš,  photo: Archives de l'Université Charles
Le seul événement ayant influencé de manière plus considérable l’évolution de la scène extrémiste tchèque a été, d’après le ministère de l’Intérieur, le référendum sur la sortie ou non du Royaume-Uni de l’Union européenne. L’extrême-droite, dont notamment les formations islamophobes et anti-migrants, ont salué le « Brexit » comme une « victoire du nationalisme sur le multiculturalisme européen », tout en omettant que certains partisans du retrait britannique de l’UE s’opposait également aux migrations en provenance des pays de l’Europe orientale. Miroslav Mareš indique que les résultats de ce scrutin ont été bien accueillis également par certains groupes d’extrême-gauche :

« Il s’agit d’un des thèmes mobilisateurs de l’extrême-droite, ainsi que de l’extrême-gauche. Ils peuvent s’efforcer de suivre l’exemple du ‘Brexit’ et d’initier un référendum sur le ‘Czexit’, c’est-à-dire sur la sortie de la République tchèque de l’Union européenne. Cela conviendrait bien sûr aussi aux mouvements qui sont idéologiquement liés aux mouvements ‘pro-Poutine’. »

Quant aux extrémistes de gauche, le rapport indique que leurs activités ont aussi été plutôt modérées et se sont focalisées sur les événements autour du centre social autogéré Klinika, qui propose différents événements culturels, ainsi que des actions de solidarité, notamment à l’égard des réfugiés, et dont le fonctionnement a été officiellement interrompu pour plusieurs mois par la mairie de Prague.

Selon Miroslav Mareš, cet apaisement ne perdurera pourtant pas très longtemps. Les mouvements d’extrême-droite sont ravivés par les attentats en Europe occidentale qui auront certainement aussi un impact sur la scène politique tchèque :

Photo: Jiří Čondl,  ČRo
« Ils en profiteront pour mobiliser des sympathisants. A l’heure actuelle, on peut voir que ces groupuscules ne sont plus capables d'attirer les foules comme ils le faisaient l’année passée. Mais il se peut que suite à ces événements actuels en Europe occidentale, les gens auront besoin d’exprimer leur soutien à ces mouvements radicaux. »

Lors de ce deuxième trimestre, le ministère a enregistré au total 91 manifestations, dont 48 ont été organisées par des mouvements d’extrême-droite ou par des formations islamophobes et 43 autres initiées par l’extrême-gauche. 45 crimes en lien avec l’extrémisme ont également été recensés sur la période.