L'Eglise tchèque indignée par Madonna en croix

Madonna, photo: MFDnes

Madonna est arrivée à Prague où elle donnera, ces mercredi et jeudi, les deux premiers concerts de sa carrière en République tchèque. 35 000 spectateurs se sont arrachés en quelques minutes les billets pour un spectacle qui, de Rome à Moscou, provoque la polémique presque partout où il passe. Et bien qu'elle figure parmi les pays les plus athés au monde, la République tchèque n'échappe pas à la règle. L'Eglise catholique a ainsi fait savoir qu'elle considérait que la chanteuse américaine « tournait en dérision la foi chrétienne ».

Le cardinal Miloslav Vlk
« Ce qui me gêne, c'est l'exploitation abusive de la croix. Il s'agit d'un symbole saint pour les chrétiens du monde entier qui est également protégé par les droits de l'homme. » C'est en ces termes que le cardinal Miloslav Vlk a commenté le show, « léger » selon lui, que Madonna s'apprête à offrir à ses fans pragois à la Sazka Arena dans le cadre de sa tournée Confessions Tour. Le plus haut représentant de l'Eglise catholique en République tchèque s'est dit outragé par la scène au cours de laquelle la « soi-disant Madone », comme l'a qualifiée le porte-parole de la Conférence épiscopale tchèque, représente sa crucifixion coiffée d'une couronne d'épines sur la tête. Des déclarations forcément reprises par les médias locaux, mais qui ne trouvent pas forcément un écho favorable.

Dans l'édition de ce mardi de Lidové noviny, un commentateur du quotidien estime, par exemple, que c'est justement le cardinal Vlk qui par ses propos tourne en dérision le christianisme. Il se demande pourquoi l'Eglise catholique participe à ce qu'il n'estime être qu'une opération marketing. « L'ambition de Madonna n'est pas de s'attaquer à la religion chrétienne, ni même de polémiquer. Il s'agit juste de créer un scandale par l'intermédiaire des médias qui font de la publicité à sa tournée, et Madonna en échange leur permet d'augmenter leurs ventes », explique-t-il.

Le journal Mlada fronta Dnes mentionne également cet aspect marketing en rappelant que le nom de scène choisi par la chanteuse, qui fait référence à la Vierge, était déjà une provocation visant à lui donner une image anti-catholique lorsque l'on connaît les créations « épicées » de la chanteuse. Toutefois, on peut également y lire que même si les cercles libéraux évoquent des relents d'inquisition, leur indignation n'est pas légitime, l'Eglise ne faisant que décrire une réalité.

Les opinions sur la question différent donc avec d'un côté les défenseurs des valeurs traditionnelles selon lesquelles l'homme s'efforce de vivre et de l'autre des libéraux pour qui l'homme choisit lui-même ses propres valeurs. Quant à l'opinion publique, elle reste dans sa grande majorité largement indifférente.