L’Edison Filmhub à Prague, plus qu’une salle de cinéma

Edison Filmhub, photo: Thomas Pérocheau

Manifestation permettant de montrer au public tchèque les films récompensés à Berlin, Venise et Cannes durant l’année écoulée, le festival Be2Can s’est clôturé jeudi à l’Edison Filmhub, à Prague. Ivan Hronec est à l'origine de ce lieu fondé en juin dernier, qui était l’endroit incontournable pour assister, un mois durant, aux films et aux nombreuses rencontres inscrites au programme. Situé dans le Ier arrondissement de Prague, l’Edison Filmhub cherche à casser les codes du cinéma classique pour offrir un espace unique, comme l’a expliqué Ivan Hronec à Radio Prague International.

Edison Filmhub,  photo: Thomas Pérocheau

Ivan Hronec, vous êtes le fondateur de l’Edison Filmhub, avez-vous eu dès le départ cette envie de créer un espace pour accueillir des événements comme le festival Be2Can ?

« Absolument. C’est probablement le premier et seul lieu qui se concentre sur ce genre de présentations. Bien sûr, il y a des cinémas à Prague, de très bons cinémas même, qui ont une stratégie assez proche de la nôtre, mais je pense que l’Edison Filmhub s’est construit autour de ce concept, et ne l’a pas adopté après coup. C’est là toute l’originalité de cet espace. »

Pourquoi avoir nommé ce lieu Edison Filmhub ?

Ivan Hronec | Photo: Martina Schneibergová,  Radio Prague Int.
« Ce bâtiment a d’abord servi comme usine d’électricité. En 1929, la compagnie d’électricité de Prague a engagé le célèbre architecte tchèque František Albert Libra pour construire la station de transformation électrique Edison. C’était cinquante ans après l’électrification de Prague, c’est pourquoi les propriétaires et les organisateurs du lancement de l’usine Edison invité Thomas Alva Edison. Celui-ci devait venir, mais il est finalement tombé malade. On n’a jamais su s’il était vraiment malade ou s’il s’agissait d’une maladie ‘diplomatique’, mais le fait est qu’il a remercié poliment l’invitation. C’est pour cette raison que nous avons adopté le nom d’Edison. Nous lui avons ajouté le terme Filmhub pour éviter que les gens ne confondent avec l’entreprise d’électricité. »

Justement, pourquoi avoir choisi le terme de Filmhub au lieu de cinéma ?

« Depuis les premiers jours, il s’agit d’un ‘hub’ et pas d’un simple cinéma. Et pour que ce lieu existe comme ‘hub’, il faut un espace d’échanges. Et quoi de mieux qu’un café pour rendre ces échanges possibles ? C’est comme ça qu’est né l’Edison Filmhub en juin dernier, et le concept a été très bien accueilli. »

Edison Filmhub,  photo: Thomas Pérocheau
« Aujourd’hui, si vous avez un projet d’exposition cinématographique, vous ne pouvez plus vous reposer uniquement sur les structures traditionnelles que sont les multiplex ou les bonnes vieilles salles de cinéma. Il faut quelque chose de plus. Ce petit plus, c’est un lieu de rencontres, assez étonnamment des salles plus petites avec moins de sièges. Autrefois, tout reposait sur la quantité. C’est encore un peu vrai aujourd’hui, mais il faut alors une programmation spécifique basée sur la quantité, l’intérêt commercial, ce qui signifie que vous ne pouvez pas vraiment expérimenter car il faut séduire le plus grand nombre de gens. Inversement, les cinémas ‘boutiques’ permettent d’expérimenter avec les films, on peut montrer des choses qui sortent de l’offre habituelle. Je dis toujours que mon modèle n’est pas tant un business du cinéma qu’un business de galerie. Une galerie des films de festivals. »

Concrètement, comment s’organise l’Edison Filmhub ?

« D’un point de vue technique, il s’agit d’environ trois projections par jour, souvent entre 14h et 15h pour la première, entre 18h et 19h pour la deuxième et entre 20h et 21h pour la troisième. C’est une bonne combinaison de quelque chose de très artistique et de très particulier qui appelle un public plus restreint et autre chose comme Ad Astra ou Joker tout en gardant une certaine qualité, car Joker a été récompensé à Venise et Ad Astra faisait partie des nominés. »

Comment résumeriez-vous l’esprit de ce lieu en quelques mots ?

Edison Filmhub,  photo: Archives de l’Edison Filmhub
« Notre stratégie est la suivante : c’est un hub et non un cinéma, plus petit mais mieux que trop grand, où on crée des combinaisons d’expériences. Le slogan de l’Edison Filmhub est : cinéma, café, thématiques et VOD. La vidéo à la demande fait partie intégrante de notre identité. Nous avons moins de cent sièges dans le cinéma, mais nous avons une plateforme de VOD associée où nous mettons à disposition au moins quinze films par mois en lien avec un thème mensuel. »

« J’ai fondé l’Edison Filmhub comme un modèle innovant, petit physiquement mais qui est aussi le plus grand cinéma de République tchèque en termes d’accessibilité car nous vendons des tickets pour acheter des VOD. Bien sûr, les films projetés ne sont pas accessibles directement en VOD, même si cela nous arrive d’en mettre certains à disposition en VOD, comme par exemple La Vie d’Adèle, et si l’audience apprécie, nous les projetons aussi au cinéma. C’est ainsi que nous expérimentons. On mélange les concepts de VOD avec un petit ciné-boutique, et de ce point de vue-là, ça reste unique. »

https://www.edisonfilmhub.cz/