L’économie tchèque toujours plus dépendante des employés étrangers

Photo illustrative: Kristýna Maková

Environ un travailleur sur huit actuellement en République tchèque est un ressortissant étranger. Selon les chiffres publiés cette semaine par l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), leur nombre total à la fin de l’année 2018 a notoirement augmenté ces dix dernières années.

Photo illustrative: Kristýna Maková
Le taux de chômage, qui est le plus faible de toute l’Union européenne, a beau avoir légèrement augmenté en décembre dernier, avec un taux désormais de 2,9%, la République tchèque reste en situation de plein emploi et nombre d’entreprises continuent de se plaindre de la pénurie de main-d’œuvre. Pour compenser, différents programmes ont été mis en œuvre pour attirer des travailleurs étrangers dont l’économie tchèque est toujours plus dépendante.

Selon les données les plus récentes du ČSÚ, 659 000 étrangers, majoritairement des hommes âgés de 30 à 40 ans, travaillaient légalement dans le pays à la fin de l’année 2018, soit 13 % de l’ensemble de la main-d’œuvre, contre 6 % seulement encore en 2010. Plusieurs dizaines de milliers d’autres se débrouillent également au noir et ne sont donc pas recensés. Le Bureau du Travail, l’administration en charge de l’emploi en République tchèque, faisait, lui, état plus récemment de 646 000 travailleurs étrangers. Un chiffre un peu inférieur donc, mais qui ne change rien à la situation générale selon Jarmila Marešová, du ČSÚ :

« Nous constatons une forte augmentation surtout depuis 2015. La principale évolution est qu’il ne s’agit plus seulement d’Ukrainiens. Très nombreux à venir travailler en République tchèque sont aussi désormais les Bulgares, les Roumains, qui profitent de l’appartenance de leurs pays à l’UE, et plus encore les Slovaques. »

A eux seuls, les Slovaques représentent 34 % de cette main-d’œuvre étrangère. Ils sont suivis des Ukrainiens (21 %), des Polonais (8 %) et des Roumains (8 %). A la différence de ces derniers, les employés slovaques, pour beaucoup d’entre eux, perçoivent des rémunérations supérieures à une grande majorité de la population. Tandis que le montant du salaire brut mensuel en République tchèque s’est élevé à 33 697 couronnes (1 316 euros) au troisième trimestre 2019 – une somme que ne touchent cependant pas plus de deux tiers des employés, les Slovaques touchent en moyenne plus de 40 000 couronnes.

Dans une autre mesure, les employés ukrainiens, dont le nombre avait drastiquement baissé entre 2008 et 2011 en raison de la crise économique mondiale, gagnent en moyenne en République tchèque cinq fois plus que chez eux pour un même travail. Selon Dalibor Holý, du ČSÚ, il est fréquent également que les travailleurs étrangers gagnent plus que leurs collègues tchèques, entre autres raisons parce qu’ils attachent le plus souvent peu d’importance à leur temps libre :

« C’est vrai et cela s’explique par les positions qu’ils occupent, qui nécessitent un certain niveau de qualification, mais aussi par le fait qu’ils sont ici d’abord pour travailler et qu’ils consacrent l’essentiel de leur temps au travail. En moyenne, leur temps de travail est plus élevé que celui des Tchèques. »

A moyen terme, le nombre de travailleurs étrangers, dont quelque 30 % sont employés dans l’industrie de transformation et près de 20 % en intérim, devrait toutefois baisser en raison du ralentissement de l’économique tchèque, avec un taux de 2,2 % prévu pour cette année. Enfin, contrairement à une idée reçue, seuls 9 % seraient employés – du moins légalement - dans le bâtiment.