Le taux de chômage ne cesse d’augmenter en République tchèque

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Il est loin le temps où le taux de chômage en République tchèque oscillait autour des 7 %, encore plus le temps où les chiffres flirtaient aux alentours de 3%, époque bien révolue de l’après-révolution de velours. Les derniers chiffres en date ne laissent pas d’inquiéter : selon certaines estimations, le taux de chômage pourrait très bientôt passer la barre symbolique des 10%.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
A la fin de décembre 2012, c’est 545 000 personnes qui étaient sans emploi en République tchèque, soit 9,4%. Après un beau creux de la vague en 2008 où le chômage était retombé un temps sous la barre des 7%, depuis, celui-ci n’a fait que grimper parallèlement au ralentissement de l’économie. La récession qui sévit dans le pays touche tout particulièrement l’industrie électrotechnique avec une baisse d’intérêt pour la fabrication d’ordinateurs et d’équipements électroniques. Ainsi, la société Panasonic a licencié 600 personnes à la fin de l’année 2012. Si traditionnellement le chômage augmente en hiver en raison de l’absence de possibilité de travaux saisonniers, cette tendance à la hausse du taux de chômage est inquiétante, comme le souligne Jan Wiesner, président de la Confédération des unions des employeurs :

« Evidemment, nous sommes inquiets. Nous avions prévu une telle évolution si aucune mesure n’était prise pour empêcher la hausse du chômage. Nous en avons discuté avec le gouvernement lors des réunions tripartites depuis le printemps dernier, mais aucune mesure concrète n’est arrivée. »

Pour Aleš Michl, analyste pour la banque Raiffeisenbank, les derniers chiffres du mois de décembre ne sont guère encourageants, et le problème est bien plus profond qu’une simple question de saisons favorisant le chômage ou non :

Aleš Michl,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« C’est un chiffre peu encourageant. Et je pense que ces chiffres vont être mauvais encore dans les trois à cinq ans prochains. 2006, 2007, 2007, et 2008 ont été des années de forte croissance économique. Il y avait beaucoup d’emplois, le taux de chômage était très bas. Puis, ça a été le choc : les banques sont tombées en Amérique et l’économie s’est bloquée. Souvent, après un tel choc, la croissance des économies est moitié moins rapide qu’auparavant. Et les taux de chômage peuvent être deux fois plus importants. Cela dure trois, cinq, voire huit ans. Je pense que c’est ce que nous vivons à l’heure actuelle. »

Pour l’analyste, il ne s’agit pas là des suites de la crise, voire même d’une nouvelle, mais d’une toute nouvelle réalité avec laquelle il va falloir composer. D’après de nombreuses estimations, cette réalité pourrait faire progresser le chômage au-delà de la barre des 10% dans les mois à venir, une première en République tchèque, longtemps eldorado de l’économie de marché florissante. Cette nouvelle réalité se rapproche de celle qui sévit déjà dans le reste de l’Europe, même si en comparaison de pays comme la Grèce ou l’Espagne, la République tchèque fait encore bonne figure. Mais pas de quoi pavoiser si elle regarde du côté de ses voisins, l’Allemagne et l’Autriche, qui oscillent aux alentours de 5% de chômage.