Le président tchèque de nouveau à Pékin pour consolider encore un peu plus les relations avec les amis chinois

Miloš Zeman à Pékin, photo: ČTK

Pour la deuxième fois en moins d’un an, le président tchèque a entamé, mardi soir, une visite officielle en Chine. Quelques mois après une participation déjà controversée aux cérémonies organisées en Russie au printemps dernier, Miloš Zeman, seul chef d’un Etat membre de l’Union européenne à avoir accepté l’invitation, s’est rendu à Pékin afin d’assister aux célébrations organisées pour le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Asie. Mais au-delà de son aspect protocolaire et symbolique, ce voyage de cinq jours doit bien entendu d’abord permettre d’approfondir encore un peu plus la coopération économique entre la République tchèque et la Chine.

Miloš Zeman à Pékin,  photo: ČTK
En octobre dernier, lorsque Miloš Zeman s’apprêtait à effectuer sa première visite en Chine, une visite qui faisait suite à celle déjà très discutée quelques mois plus tôt du ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek, la question de savoir si la protection des droits de l’homme faisait toujours bien partie des priorités de la diplomatie tchèque avait encore été évoquée ; essentiellement, il est vrai, par les opposants à ce voyage et les nostalgiques de l’ère Václav Havel, ami personnel du dalaï-lama.

Un an ou presque plus tard, la question ne se pose plus et une quelconque hypocrisie sur le sujet n’est même pas feinte au Château de Prague. Si le président tchèque se rend à Pékin, où il assistera ce jeudi sur la tristement célèbre place Tienanmen au plus grand défilé militaire organisé dans l’histoire de la Chine communiste, c’est d’abord en pensant aux intérêts commerciaux de son pays. Cette vision pragmatique des choses, Miloš Zeman l’avait d’ailleurs déjà très clairement exprimée, en anglais, dans une interview accordée à la télévision chinoise à l’automne dernier :

« Nous ne voulons pas vous enseigner l’économie de marché, les droits de l’homme ou toute autre chose de ce genre. Au contraire, nous faisons en sorte de nous instruire. Je suis donc en Chine pour apprendre comment accélérer la croissance économique et comment stabiliser la société. »

A Prague, tout du moins au sein du gouvernement, il importe visiblement assez peu que Miloš Zeman soit l’unique représentant européen à Pékin, alors que les Vingt-sept autres Etats membres, pas tous invités faut-il quand même préciser, ont adopté une position commune et choisi, au contraire, d’éviter ces célébrations en raison des tensions entre la Chine et le Japon et le Vietnam notamment. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka l’a clairement confirmé : selon lui, le voyage de Miloš Zeman en Chine ne menace pas la position de la République tchèque à Bruxelles et ne nuit pas plus à l’image qu’à la politique étrangère du pays.

En avril 2014, peu avant sa propre visite suivie de celle quelques semaines plus tard du ministre du Commerce et de l’Industrie, le chef de la diplomatie Lubomír Zaorálek avait indiqué que le gouvernement tchèque entendait revoir sa position vis-à-vis de la Chine. Concrètement, il s’agissait d’améliorer les relations avec celle-ci, essentiellement en raison des nombreuses perspectives d’échanges entre les deux pays. C’est pourquoi Prague, malgré les protestations de plusieurs ONG, ne se prononce désormais plus notamment sur l’occupation du Tibet, un dossier longtemps sensible en République tchèque.

La présence à Pékin cette semaine de Miloš Zeman, accompagné une nouvelle fois d’une importante délégation de chefs d’entreprise mais aussi par exemple de l’ancien footballeur Pavel Nedvěd, confirme donc que le cabinet et le Château de Prague s’en tiennent à cette nouvelle ligne de conduite. Et tant pis si le fait que des entretiens bilatéraux avec les présidents de régimes autoritaires comme la Russie, le Laos et le Venezuela soient programmés dans le cadre de ces quelques jours ne plaît pas aux autres. Les Tchèques sont à Pékin pour signer des contrats et négocier de nouveaux accords d’investissements avec leurs amis chinois, et c’est bien là l’essentiel pour les deux parties.