Le président de la République cherche toujours du soutien pour « son » gouvernement

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Le président de la République, Miloš Zeman, tente tant bien que mal de négocier le soutien nécessaire au gouvernement d’experts, en place depuis le 25 juin dernier. Mais la situation politique reste confrontée à une stagnation gouvernementale, dans la mesure où il parait difficile de savoir quelles seront les variantes concrètes, qui désamorceront cette paralysie, lors du vote de confiance à la Chambre des députés le 8 août prochain.

Miloš Zeman,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
En recevant les représentants des clubs parlementaires à la résidence de Lány ce lundi, le président de la République, Miloš Zeman, a tenu à leur expliquer les côtés positifs du gouvernement d’experts de Jiří Rusnok. Toutefois, les députés semblent pour la plupart avoir une opinion immuable à l’égard de l’appui du gouvernement. Les partis ODS et TOP 09, de l’ancienne coalition, sont solidaires, et se rejoignent sur la position du non octroi de ce soutien à la Chambre des députés. Après s’être entretenu avec Miloš Zeman, le représentant du club parlementaire ODS, Marek Benda, a affirmé que le parti civique démocrate (ODS) ne soutiendra en aucun cas le gouvernement d’experts. Quant à Petr Gazdík, le président du club parlementaire du parti TOP 09, il a déclaré ce lundi, que malgré le fait qu’il respecte les opinions du président de la République, l’avis du club parlementaire TOP 09, était clair : ils n’appuieront pas, eux non plus, le gouvernement d’experts. Petr Gazdík s’explique :

Petr Gazdík,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« D’après nous, ce gouvernement ne provient pas de la démocratie parlementaire, il n’a pas le soutien au sein de la Chambre des députés, aucun des ministres n’a subi « l’épreuve » de l’élection directe. Il s’agit plutôt d’un gouvernement des amis de Miloš Zeman, et non d’un gouvernement qui refléterait la distribution des forces politiques à la Chambre des députés. Il s’agit là d’un excès, d’un dépassement de pouvoir tout à fait nouveau et qui n’a jamais eu lieu auparavant. La République tchèque est une démocratie parlementaire et les gouvernements devraient être basés sur la majorité parlementaire. »

Du côté du principal parti de gauche, Jeroným Tejc, le président du club parlementaire des sociaux-démocrates, a fait savoir, qu’à l’instar du président de la République, sa formation ne souhaitait pas le retour de l’ancienne coalition gouvernementale de droite. Néanmoins, le parti social-démocrate, toujours hésitant à se prononcer publiquement et clairement sur l’octroi de confiance au gouvernement, semble être l’un des partis les plus divisés sur cette question. Jeroným Tejc explique les raisons de cette fracture :

Jeroným Tejc,  photo: Šárka Ševčíková
« Ce n’est un secret pour personne, qu’un des problèmes que nous percevons c’est la participation de Jan Fischer à ce gouvernement (Jan Fischer est l’actuel ministre des Finances, ndlr), dans la mesure où il n’a pas suffisamment expliqué le financement de sa campagne présidentielle. Il s’agit là très certainement d’un des principaux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Puis, il y a les arguments, pour le soutien au gouvernement, que nous distinguons tous, et dont fait partie le possible retour de l’ancien gouvernement de la coalition de droite. Nous allons donc discuter de tous ces arguments à la réunion de la direction du parti social-démocrate et de son club parlementaire, qui a lieu le 6 août, date à laquelle nous allons très probablement nous prononcer. »

Selon le politologue Vít Hloušek, si le procédé de discussions, entre députés et président, n’est pas un procédé « inapproprié », dans la mesure, où le président a contribué à régler des crises politiques par le passé, il pointe néanmoins un autre aspect comme étant problématique :

« Le problème réside plutôt dans la façon même avec lequel le président Zeman s’introduit dans la discussion, à savoir qu’il veut imposer ‘son’ gouvernement, son cabinet. »

A la question de savoir si les députés accorderont ou pas leur soutien au gouvernement d’experts le 8 août prochain, Vit Hloušek, s’est montré plus que sceptique :

Jiří Rusnok,  photo: CTK
« Je crois sincèrement que le gouvernement de Jiří Rusnok n’obtiendra pas la confiance à la Chambre des députés. J’ignore ce qui devrait arriver pour que les députés du parti civique démocrate et ceux du parti TOP 09 changent d’avis. Je pense que la plupart des députés du parti LIDEM voteront contre le gouvernement. On sait déjà que la plupart des députés indépendants se sont exprimés contre le soutien au gouvernement, mais on ignore complètement de quelle façon se prononceront les sociaux-démocrates. Les variables inconnues sont trop nombreuses, je ne crois donc pas que le gouvernement obtienne la confiance. »

De même que le président, le Premier ministre, Jiří Rusnok, a également pris part aux négociations, notamment en recevant le président du parti Affaires publiques, Vít Bárta. De leurs côtés, après avoir été reçus par Miloš Zeman ce mardi, les représentants du parti communiste ont annoncés qu’ils pourraient soutenir le gouvernement d’experts.