Le monde agricole a protesté contre la suppression de l’allégement de la taxe sur les carburants

Photo: CTK

Dans la matinée de ce mercredi s’est déroulée une des plus importantes protestations d’agriculteurs tchèques dans l’histoire du pays. Ils s’opposent à l’intention du gouvernement de supprimer, dans le cadre des mesures d’austérité, l’allégement de la taxe sur les carburants : plus de 2 000 tracteurs et autres véhicules agricoles ont perturbé la circulation sur 200 routes tchèques. Seules la capitale Prague et la région de Liberec, dans le nord du pays, n’ont pas été touchées par la grogne.

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Ce mercredi, les agriculteurs en colère ont ralenti la circulation sur les routes principales de douze régions tchèques, notamment dans la région de la Vysočina, dans le centre du pays, et en Moravie. La raison de leur protestation ? La suppression de l’allégement de la taxe sur les carburants, prévue par le gouvernement dans le cadre des restrictions budgétaires. Concrètement, les fermiers perdraient l’avantage de se faire rembourser 60% de la taxe à la consommation sur les carburants utilisés pour les travaux dans les exploitations agricoles. Ainsi, les agriculteurs verraient augmenter leurs frais de carburant de 11 couronnes (0,44 euros) par litre ce qui représente une perte annuelle d’environ 71 millions d’euros.

Selon le président de la Chambre agraire, Jan Veleba, la République tchèque et la Slovaquie seraient désormais les seuls pays membres de l’Union européenne où les agriculteurs ne pourraient pas bénéficier de cette aide. Le président de l’Union des agriculteurs tchèques, Martin Pýcha, ajoute :

Martin Pýcha
« La suppression de cet avantage entraînerait une augmentation du prix des produits alimentaires et une baisse de la production agricole tchèque. Nous pourrions également nous attendre à une augmentation des exportations et à une suppression des postes de travail. »

Effectivement, les agriculteurs de Bohême et surtout ceux de Moravie perçoivent la suppression de l’allégement de la taxe sur les carburants comme une menace de leur compétitivité, notamment face à leurs concurrents polonais :

« Pourquoi nous protestons ? Parce que cet avantage-là existe partout, en Europe, alors pourquoi nous, on devrait le perdre ? »

« Si la taxe sur les carburants ne nous est pas remboursée, cela coûtera 79 000 euros par an à notre société. »

« Je pense que ce que nous avons organisé aujourd’hui a un sens. J’ai remarqué que les gens s’y sont intéressés. J’espère que nous n’avons pas trop énervé les chauffeurs… »

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La Chambre agraire, la plus importante organisation non-gouvernementale des agriculteurs tchèques et principal organisateur du mouvement de protestation, appelle le Premier ministre Petr Nečas au dialogue. En cas d’échec des négociations, elle entend poursuivre les manifestations. A savoir que les protestations de ce mercredi ont également été soutenues par les viticulteurs tchèques qui s’opposent, quant à eux, à l’introduction de la taxe sur la consommation de vin local. Si le ministre des Finances, Miroslav Kalousek, n’entend accorder aucun avantage fiscal aux producteurs de vin, il envisage toutefois une sorte de compensation financière destinée aux agriculteurs révoltés.