Le mari de Ioulia Timochenko demande l’asile en République tchèque

Youlia Timochenko et son mari Alexandre en 2002, photo: CTK

Alors que Ioulia Timochenko vient d’être condamnée à Kiev à sept ans d’emprisonnement fermes, son mari vient de déposer à Prague une demande d’asile. Cette demande risque de refroidir les relations diplomatiques déjà tendues entre Prague et Kiev.

Ioulia Timochenko et son mari Olexander en 2002,  photo: CTK
Selon toute vraisemblance, la demande d’asile d’Olexander Timochenko devrait être acceptée par le ministère de l’Intérieur. Cette demande s’ajoute à la série des affaires qui ont bouleversé les relations entre la République tchèque et l’Ukraine l’année dernière.

On se souvient qu’en janvier 2011, Prague avait accordé l’asile à Bohdan Danilichine, ex-ministre de l’Economie du gouvernement Timochenko. La République tchèque avait en outre refusé son extradition en Ukraine à la suite du mandat d’arrêt international émis par Kiev à l’encontre de l’ancien ministre.

Quelques mois plus tard, l’Ukraine avait renvoyé pour prétendu espionnage deux attachés militaires auprès de l’ambassade tchèque à Kiev. La décision ukrainienne n’était pas restée sans suites puisque deux diplomates de l’ambassade ukrainienne à Prague avaient aussitôt été priés de quitter le territoire.

La demande d’asile du mari de Ioulia Timochenko est toutefois pour Prague une affaire délicate. En effet, lors de la visite à Prague, en décembre dernier, du Premier ministre ukrainien Mikola Azarov, le Premier ministre tchèque avait tenté de réchauffer le climat tendu entre les deux pays. S’il avait rappelé les engagements européens de la République tchèque en matière de droits d’asile, Petr Nečas avait surtout insisté sur le souhait de Prague de voir les relations entre les deux pays repartir sur de bonnes bases :

Karel Schwarzenberg et Mikola Azarov
« En République tchèque, la procédure du droit d’asile est fixée selon les standards juridiques de l’Union européenne, et la République tchèque et les organes de l’Etat agissent rigoureusement selon ces standards. Il est vrai que les relations entre la République tchèque et l’Ukraine ont connu des problèmes durant l’année qui vient de s’écouler, mais je pense que la visite de Mikola Azarov à Prague et la signature de trois accords gouvernementaux montrent que nous avons surmonté cette période et que nos intérêts communs vont connaître une nouvelle impulsion et une nouvelle dynamique. »

Petr Nečas en avait aussi profité pour réaffirmer le soutien de la République tchèque dans le dossier des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et l’importance des relations économiques entre les deux pays :

« La République tchèque soutient de manière indiscutable l’orientation proeuropéenne de l’Ukraine. L’Ukraine fait partie de nos priorités dans le domaine des relations économiques, et si nous avons connu une relative baisse de nos échanges commerciaux au cours de la crise de 2009, depuis nous observons un accroissement significatif de nos relations commerciales, dont nous considérons qu’elles ont un grand potentiel. »

La demande d’asile en République tchèque d’Olexander Timochenko risque toutefois de reléguer au passé ses intentions officielles. L’affaire intervient, en outre, à un moment où les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne sont particulièrement mauvaises. Bruxelles vient en effet de refuser la signature d’un accord d’association avec l’Ukraine, notamment en raison de l’impartialité du jugement qui a conduit à la condamnation de Ioulia Timochenko à sept ans fermes d’emprisonnement.