Le festival Printemps de Prague au milieu du chemin

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Comme d'habitude, le festival international de musique, Printemps de Prague, présente une longue série de concerts et il est difficile de le suivre. Ainsi certaines productions musicales, qui pendant la saison feraient figure de véritables événements, passent presque inaperçues. Nous tâcherons de retracer, pourtant, quelques grands moments du festival qui se terminera le 4 juin prochain.

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On a prêté, évidemment, beaucoup d'attention déjà au concert inaugural réservé, tradition oblige, au cycle de poèmes symphoniques, Ma patrie de Bedrich Smetana. Cette fois-ci, l'exécution de cette oeuvre fondamentale de la musique tchèque a été confiée à l'Orchestre symphonique de Londres dirigé par Sir Colin Davis. Il est difficile de jouer cette oeuvre devant un public qui le connaît presque par coeur, pourtant les réactions de la presse ont été plutôt positives. Les critiques ont apprécié surtout le sens de la couleur et du détail et la virtuosité des instrumentistes de Londres. Une partie du public cherchait, cependant, dans cette production et ne trouvait pas le tempérament slave et le chant romantique qui font le charme de cette fresque musicale.

Le grand ténor allemand, Peter Schreier, fait ses adieux à la scène et c'est un départ en toute beauté. Au festival, il a chanté et dirigé La passion selon Saint Jean de Bach et la critique a admiré non seulement la conception dramatique qu'il a su donner à cet oratorio, mais aussi la voix bien conservée de ce septuagénaire qui se limitera désormais à la direction d'orchestre. Un autre soir, le violoniste Gil Shaham et la Philharmonie tchèque ont subjugué le public dans le concerto pour violon de Beethoven interprété avec sensibilité à fleur de peau et beaucoup de poésie.

C'est dans le cadre du festival, que le Théâtre national de Prague a présenté en coproduction avec l'Opéra du Rhin la tétralogie L'Anneau du Nibelung de Wagner. Tandis que la mise en scène de ce cycle gigantesque a été jugée plutôt confuse par la critique, on a manifesté beaucoup d'admiration pour la distribution internationale qui a réuni des chanteurs spécialistes de ce répertoire et surtout pour le travail du chef d'orchestre John Fiore, devenu un véritable chouchou du public pragois.

On a beaucoup applaudi, aussi, l'orchestre de chambre Talich et le trompettiste Giuliano Sommerhalder, ancien lauréat du concours du Printemps de Prague, qui ont exécuté avec un grand brio, entre autres, le concerto pour trompette en Do majeur de Michael Haydn. Plusieurs récitals de chanteurs renommés figurent dans le programme de cette édition du festival. La mezzo-soprano tchèque Dagmar Peckova a présenté juste au début de festival un programme de mélodies de Prokofiev, de Schumann et de Novak, mais, selon la presse, elle a été convaincante surtout dans les lieder composées par Richard Wagner sur les poèmes de Mathilde Wesendonk.

En ce qui concerne la musique française, elle est très peu représentée dans cette édition du festival. Le seul concert français a eu lieu, déjà presqu'au début du festival, lorsque nous avons entendu à l'église Saint-Simon et Saint-Jude l'ensemble Doulce Mémoire qui fait revivre avec une rare fraîcheur la musique de la Renaissance. Nous espérons retrouver cet ensemble bientôt à Prague comme nous le promet son chef Denis Raisin Dadre : "Début 2006 nous allons faire ici à Prague et puis en France un concert de musique pour Rodolphe II avec des chanteurs tchèques et les instrumentistes de "Doulce Mémoire", donc c'est vraiment un projet qui va se faire. Je suis déjà venu deux fois à Prague pour faire des recherches dans les bibliothèques et pour me faire une idée. Nous allons faire de la musique de Philippe de Monte qui était maître de la Chapelle de Rodolphe II, mais aussi des chanteurs et compositeurs qui travaillaient à la Chapelle, dont Charles Luytton et Jacob Regnart."