Le festival Jeden Svět promeut l’art de la coopération

Propagande en ligne des extrémistes islamistes, recyclage des déchets, intégration des migrants en Allemagne ou musique illégale en Iran… Ce ne sont que quelques-uns des thèmes qui figurent au programme de la nouvelle édition du festival international du film documentaire sur les droits de l’homme Jeden Svět (One World), organisé par l’ONG tchèque Člověk v tísni (L’Homme en détresse).

La 19e édition du festival Jeden Svět a démarré lundi soir à Prague avec la projection du film The Good Postman, un long-métrage qui raconte l’histoire du facteur Ivan, candidat à la mairie d’un village presque déserté à la frontière bulgaro-turque. Pour donner un nouveau souffle à la localité, Ivan propose un plan controversé : accueillir des réfugiés syriens… Avec pour slogan « L’art de la coopération », Jeden Svět présente cette année au total 121 films venus de 70 pays. Cinq d’entre eux sont projetés en première mondiale.

La programmation est divisée en plusieurs sections thématiques, intitulées « Vous avez le droit de savoir », « Le bonheur familial », « Le pouvoir des médias », « Les voies de la liberté », laquelle catégorie présente des documentaires tournés dans des pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés, ou bien encore « Le rêve de l’Europe », catégorie dédiée au phénomène des migrations. On écoute la directrice du festival, Hana Kulhánková :

'Les sauteurs - Those Who Jump',  photo: Final Cut for Real
« Nous avons décidé de consacrer une partie à la migration car c’est un thème immense qui est traité dans de nombreux films. Cette année, la catégorie ‘Le rêve de l’Europe’ propose des films sur des personnes qui vivent déjà en Europe et qui sont entièrement intégrées dans la société : elles ont du travail ou fréquentent l’école. Mais souvent, elles ne possèdent par exemple pas de permis de séjour qui leur permettrait de devenir de vrais citoyens européens. Ces films parlent donc de ces barrières absurdes, de ces gens qui aiment la société européenne et partagent les mêmes valeurs mais que nous autres Européens rejetons constamment. »

Cette édition s’efforce d’attirer davantage l’attention sur la création documentaire tchèque, avec notamment le lancement d’une nouvelle catégorie, « Compétition tchèque », qui proposera, entre autres, le récent vainqueur du Lion tchèque du meilleur documentaire Normální autistický film (Un film autiste normal). 120 invités étrangers sont présents cette année à Prague à l’occasion du festival. Hana Kulhánková :

'Une jeune fille de 90 ans',  photo: Agat Films & Ex Nihilo
« Je veux mentionner par exemple le célèbre chorégraphe français Thierry Thieû Niang qui est également le protagoniste du très beau film Une jeune fille de 90 ans. Ce film se déroule dans une maison de retraite. Thierry y vient régulièrement pour danser avec des patients. La façon dont la danse permet à ces personnes de se souvenir de choses longtemps oubliées est incroyable. Ce chorégraphe animera également à Prague un atelier lors duquel il enseignera aux personnes intéressées comment utiliser ces techniques pour travailler par exemple avec des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. »

Le film Une jeune fille de 90 ans sera projeté vendredi prochain à l’Institut français de Prague et l’atelier avec Thierry Thieû Niang se tiendra samedi à la Galerie Lucerna.

Le festival Jeden Svět propose également plusieurs nouveautés : les festivaliers pourront par exemple vivre l’expérience de la cécité ou découvrir les locaux d’un abattoir industriel à travers les yeux d’un cochon grâce à des projets de réalité virtuelle. De plus, une partie de la programmation est désormais accessible au public non-voyant ou malentendant et à des personnes ayant un handicap physique ou mental.

Filip Remunda,  photo: Jana Šustová
Pour la sixième année consécutive, le festival organise aussi une rencontre entre professionnels du cinéma « East Doc Platform » à laquelle participent cette année quelque 400 personnes, dont le documentariste tchèque Filip Remunda :

« Il s’agit d’une rencontre de personnes créatives du monde entier. Dans un premier temps, les participants ont l’opportunité unique de regarder ensemble les films de leurs collègues. Mais ils peuvent aussi discuter de nouveaux thèmes et proposer une aide pour le financement du projet de leur collègue d’un autre pays ou lui donner un conseil dramaturgique. Grâce à ce projet, quand je vais tourner par exemple en Russie, j’y ai des collaborateurs qui m’aident à m’orienter sur le terrain. »

Comme chaque année depuis 1994, la cérémonie d’ouverture de lundi a été l’occasion de remettre le prix Homo Homini à des défenseurs des droits de l’homme. Cette année, c’est le Comité russe contre la torture, une organisation qui apporte une aide aux personnes victimes de violences policières, de torture ou bien de l’arbitraire des autorités en Russie ou en Tchétchénie qui s’est vu attribuer cette récompense.

Le festival Jeden Svět se tient à Prague jusqu’au 15 mars prochain. Les projections se déplaceront ensuite dans d’autres 32 villes tchèques, ainsi qu’à Bruxelles.