Le Festival du théâtre de langue allemande s'ouvre avec la pièce d'un auteur tchèque

'Karl Marx : le Capital', photo: www.theater.cz

C'est ce jeudi que s'ouvre à Prague la 12e édition du Festival du théâtre de langue allemande. Comme d'habitude y prendront part des troupes venues pratiquement de tous les pays européens de langue allemande, donc d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse et du Luxembourg. La République tchèque sera représentée par le Théâtre de la comédie (Divadlo komedie) qui proposera au public pragois une oeuvre de Thomas Bernhard et le Théâtre national qui a mis en scène une nouvelle pièce de Pavel Kohout.

Selon la critique Jana Machalicka, l'intérêt pour le théâtre de langue allemande en Tchéquie ne faiblit pas :

« L'intérêt pour le théâtre allemand en Tchéquie se maintient au même niveau depuis à peu près quinze ans mais nous avons constaté un regain d'intérêt pour le théâtre contemporain allemand au cours des dernières cinq années. Le public demande toujours certains auteurs du XXe siècle dont Dürrenmatt ou Wedekind. Dürennmatt est très joué sur les scènes tchèques. Dans la dernière saison il y a eu, si je ne m'abuse, quatre à cinq productions dans toute la république. »

Le public pragois verra les ensembles célèbres Kammerspiele de Munich, Schauspiel de Hanovre et d'autres troupes. L'ensemble Rimini Protokoll présentera au festival une pièce intitulée « Karl Marx : le Capital » dans une coproduction des théâtres de Zürich, de Francfort et de Düsseldorf.

C'est pour inaugurer le festival que le Théâtre national de Prague présentera pour la première fois une oeuvre du dramaturge et romancier tchèque Pavel Kohout. Sa nouvelle pièce est intitulée « Une petite musique du pouvoir ». Cet honneur laisse Pavel Kohout imperturbable. Presque octogénaire, auteur d'une vingtaine de pièces de théâtre, il n'est pas surpris. La décision du Théâtre national de jouer sa pièce n'est pour lui ni une satisfaction, ni un cadeau d'anniversaire :

« Ni l'un ni l'autre. Je suis homme de théâtre et je savais que tôt ou tard le Théâtre national présenterait mes pièces. Seulement je ne savais pas si je serais encore en vie. »

Poète quasi officiel du régime communiste dans les années cinquante, écrivain dissident dans les années soixante-dix, Pavel Kohout, a été finalement obligé d'émigrer, poussé par les autorités communistes. Aujourd'hui il partage son existence entre la Tchéquie et l'Autriche. Il a consacré sa pièce à un sujet qui n'a cessé de le préoccuper pratiquement toute sa vie. C'était le problème des intellectuels qui, pleins d'enthousiasme, se laissent manipuler par les cyniques au pouvoir. L'action de la pièce couvre une période allant des années soixante jusqu'à la fin du XXe siècle, période où le pouvoir abusait des idéalistes naïfs pour des jeux politiques. La première version de la pièce au titre mozartien « Une petite musique du pouvoir » a été écrite en allemand. Pavel Kohout a pourtant proposé cette oeuvre au Théâtre national de Prague et lorsque la pièce a été acceptée, au lieu de la faire traduire, il a écrit sa version définitive en tchèque. Ce jeudi, « Une petite musique du pouvoir » ouvre donc le festival qui se poursuivra jusqu'au 18 novembre.