Le déjeuner du Nouvel an, une tradition pas si traditionnelle

Miloš Zeman et Andrej Babiš accompagnés de leurs épouses, photo: ČTK

Comme chaque début de nouvelle année, le président de la République et le Premier ministre ont symboliquement déjeuné ensemble, mardi, au château de Lány (Bohême centrale). Pour Miloš Zeman, qui briguera un second mandat lors de l’élection présidentielle dont le premier tour se tiendra les 12 et 13 janvier, et pour Andrej Babiš, dont le gouvernement qu’il a formé sollicitera la confiance des députés mercredi prochain, ce déjeuner a été l’occasion de s’assurer de leur soutien respectif à l’approche de ces deux échéances clefs.

Miloš Zeman et Andrej Babiš accompagnés de leurs épouses,  photo: ČTK
C’est une tradition, certes, ou cela est devenu une tradition, mais une tradition somme toute encore relativement récente. Le premier déjeuner dit du Nouvel an entre le président de la République, le Premier ministre et leurs épouses ne s’est en effet tenu qu’en 2004. Un peu moins d’un an après avoir pris la succession de Václav Havel dans les fonctions de chef de l’Etat, Václav Klaus avait alors convié le chef du gouvernement de l’époque, le social-démocrate Vladimír Špidla, à partager le couvert en sa compagnie le temps d’une heure ou deux, histoire notamment de faire le point sur la situation dans le pays à l’aube d’une nouvelle année.

Miloš Zeman, qui a pris le relai de Václav Klaus au Château de Prague en 2013 et dont le mandat de président arrivera à terme en mars prochain, a conservé cette habitude d’accueillir le Premier ministre autour d’un bon plat – du filet de sanglier à la crème ces deux dernières années -, et ce y compris lorsqu’il porte une estime très limitée à ce dernier et que l’invitation ressemble davantage à un acte de pure courtoisie qu’à tout autre chose. On imagine cependant mal qu’il ait demandé à ouvrir une bouteille supplémentaire de vin (morave bien entendu) ou ait partagé digestif et cigare avec Bohuslav Sobotka à la sortie de table l’année dernière alors que les deux hommes ne s’appréciaient déjà plus que très modérément. Cela n’a d’ailleurs très probablement pas été le cas non plus cette année en la compagnie d’Andrej Babiš et de son épouse Monika, et ce bien que Miloš Zeman et le Premier ministre qu’il a nommé en décembre dernier, entretiennent des relations autrement plus cordiales.

La preuve en est avec la conformation faite à Andrej Babiš par Miloš Zeman qu’il viendra plaider la cause et la légitimité de son gouvernement mercredi prochain devant les députés. Et même si cette intervention ne devrait pas faire évoluer la position des autres partis et ne devrait pas permettre au cabinet nouvellement formé d’obtenir la confiance de la Chambre basse du Parlement, Andrej Babiš sait qu’il pourra continuer à compter sur le soutien du président dans la mission qui lui a été confiée, comme il l’a expliqué à la sortie du déjeuner mardi :

Andrej Babiš,  photo:
« Le président s’efforcera d’initier de nouvelles négociations comme il m’a appelé à négocier activement avec les autres partis. Pour l’heure, seuls les communistes ont fait savoir qu’ils étaient prêts à nous soutenir et il nous appartient de tenir compte de leurs remarques quant à certains points de notre programme. »

De son côté, le mouvement ANO d’Andrej Babiš soutiendra très probablement la candidature de Miloš Zeman lors de l’élection présidentielle, et ce même s’il faudra attendre jeudi prochain, veille du premier jour de vote, pour en avoir la confirmation, si l’on s’en tient à ce qu’a annoncé le chef du gouvernement mardi. Un échange en quelque sorte de bons procédés que le déjeuner du Nouvel an a permis, si besoin encore en était, de confirmer.