Le Comité tchèque d’Helsinki critique l’état des droits humains et sociaux en Tchéquie

Photo: Commission européenne

Dans son rapport annuel publié cette semaine, le Comité tchèque d’Helsinki (ČHV) a critiqué l’état des droits humains et sociaux en République tchèque. L’ONG, basée à Prague et qui travaille à la défense des droits de l’homme, a notamment pointé du doigt la hausse des inégalités économiques ou encore l’état « déplorable » du système pénitencier tchèque. Un point positif ressort néanmoins du rapport : l’action volontariste des autorités quant à leur lutte contre les extrémismes.

Photo: Commission européenne
Le ČHV est une ONG qui existe depuis novembre 1988. Elle se veut à l’époque un complément à l’action des membres de la Charte 77. Son but est alors de veiller au respect des droits de l’homme, tels qu’ils ont été exprimés lors des accords d’Helsinki de 1975, signés par la Tchécoslovaquie communiste. L’ONG poursuit aujourd’hui son action et surveille entre autres, les droits des enfants, les droits des étrangers et leur intégration dans la société tchèque, les droits de la femme, ou encore le fonctionnement de la justice et du système pénitentiaire.

Or le dernier rapport publié par le ČHV est globalement pessimiste quant à l’état de la plupart de ces droits en République tchèque. La montée des inégalités constitue la première source d’inquiétude de l’organisation. Le nombre de personnes au seuil de la pauvreté est en augmentation. Cette hausse serait due aux mesures d’austérité prises par l’actuel gouvernement, qui pour faire face à la dette des comptes publics, réduit nombre de prestations sociales. Vice-président du ČHV, František Valeš nous fournit quelques précisions sur ce phénomène de paupérisation qui concerne de plus en plus d’individus :

František Valeš
« Les enseignements qu’il faut tirer de cette étude, c’est que, par exemple, depuis 2007, le revenu minimum d’existence n’a pas été revalorisé. Il faut retenir que les personnes, qui sont chômeuses de longue durée, ou les personnes, qui n’ont, de fait, pratiquement aucune chance d’acquérir un emploi, n’ont pas ou peu la possibilité d’avoir accès à des prestations sociales. Ces prestations sociales, qui sont fournies en fonction du revenu minimum d’existence, lequel plafonne à 3126 couronnes, ne permettent pas de satisfaire les besoins élémentaires de l’individu qui se trouve à la limite de la pauvreté. »

Outre ces défaillances de l’Etat social, les auteurs du rapport regrettent l’absence d’une loi qui fixerait les conditions d’accès aux logements sociaux. František Valeš insiste sur le fait qu’une telle loi existe dans la plupart des autres pays de l’Union européenne :

« Ce qui se fait en règle général, c’est que les gens qui ne peuvent pas se permettre de louer des logements standards, ont l’assurance que l’Etat leur fournisse certaines possibilités afin qu’elles puissent tout de même accéder à un logement. Il faut ici souligner qu’une assez vaste analyse concernant ces questions de logements sociaux a été réalisée l’année dernière, analyse qui apportait son lot de recommandations quant à l’orientation à prendre en matière de politique du logement. »

Ces recommandations n’ont pour l’instant pas trouvé échos dans la sphère politique. D’autre part, le rapport est alarmant sur la situation « critique » des prisons en République tchèque. Plus de 23 000 personnes purgent actuellement une peine d’emprisonnement dans une des geôles du pays, lesquelles ont une capacité d’accueil de 17 500 places. Le taux d’occupation des prisons tchèques est ainsi supérieur à 130%.

Un point positif ressort tout de même du rapport. Les efforts des autorités publiques pour lutter contre toutes les formes d’extrémiste sont ainsi salués par le ČHV. Ces efforts se sont notamment concrétisés par le vote d’une loi contre les discriminations, qui fonctionne plutôt bien selon František Valeš, et qui permet notamment de mieux lutter contre les groupuscules néonazis. Cependant, le rapport s’inquiète de la nomination de Ladislav Bátora au poste de conseiller du ministre de l’Education, un homme proche de l’extrème-droite et qui se définit lui-même comme un fervent opposant à toutes les valeurs humanistes héritées de la philosophie des Lumières.