Le 37e anniversaire de l'écrasement du Printemps de Prague marqué par les excuses du général Jaruzelski

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Dimanche, devant le bâtiment de la radio publique, les Pragois ont commémoré le 37e anniversaire de l'un des événements les plus dramatiques de l'histoire de la Tchécoslovaquie d'après-guerre. L'invasion du pays par les troupes du Pacte de Varsovie, le 21 août 1968, mit fin à la période de relative liberté symbolisée par le premier secrétaire du Parti communiste, Alexander Dubcek, et désignée par l'expression « Printemps de Prague ».

Wojciech Jaruzelski,  photo: CTK
Cette année, l'anniversaire a donc été marqué par les excuses formulées par l'ancien homme fort de la Pologne communiste, le général Jaruzelski, à l'époque ministre de la Défense. « Cela me tourmente, aujourd'hui je regrette, ce n'est que plus tard que je me suis rendu compte que cette décision avait été mauvaise et erronnée, et comme j'ai participé à sa réalisation, je présente maintenant mes excuses », a déclaré dimanche à la télévision tchèque l'ancien président de la Pologne, dont les troupes (26 000 soldats) ont participé à l'invasion aux côtés de l'Armée rouge, tout comme les armées bulgare, est-allemande, et hongroise.

En 1990, Wojciech Jaruzelski avait déjà déclaré à Vaclav Havel qu'il était "désolé" du rôle qu'avait joué les Polonais lors de ces événements. Mais, lors des cérémonies organisées récemment pour le 60e anniversaire de la fin de la guerre, l'actuel Président tchèque Vaclav Klaus avait critiqué les autorités russes pour avoir décoré le général polonais, argumentant que Jaruzelski représentait aux yeux des Tchèques l'un des symboles de l'invasion de 1968.

Ce document sonore, avec des tirs en bruit de fond, est l'appel au calme lancé en direct par l'animateur de la radio nationale alors que des centaines de citoyens tchécoslovaques s'étaient réunis devant le bâtiment de cette même radio pour défendre la liberté de parole et la libre information. Parmi eux, Jan Uhlir, blessé lors des affrontements:

« Ici, nous avons combattu pendant trois jours, mais à mains nus nous ne pouvions pas faire grand-chose. Les 21, 22, et 23 août, ça a été très dur, on n'avait rien. Moi, j'étais charpentier, alors j'ai pris des clous que nous leur avons jeter dessus, c'est tout ce qu'on pouvait faire ».

72 personnes ont trouvé la mort lors de ces journées tragiques d'août 1968, plus de 700 ont été blessées, et près de 200 ont été déportées vers l'Union soviétique.

Pour la première fois cette année, 37 ans après les faits et 15 ans après la chute du régime communiste, les députés tchèques ont adopté une loi visant à indemniser les victimes et leurs familles. La Slovaquie a quant à elle publié vendredi dernier la liste officielle des victimes de l'invasion sur le sol slovaque - 19 tués et 130 blessés.