Le 12 novembre 1989, Agnès de Bohême fut canonisée au Vatican

Agnès de Bohême

Il y a 15 ans, le 12 novembre 1989, Agnès de Bohême, de la dynastie des rois Premyslides, surnommée "mère des pauvres" fut canonisée à Rome. L'Eglise étant un ennemi idéologique du régime d'alors, la canonisation a pris une importance particulière. Beaucoup la considèrent comme un prélude de la révolution de Velours qui a éclaté cinq jour plus tard.

Selon le prêtre Miloslav Fiala, la société tchécoslovaque a été trop sécularisée pendant 40 ans de dictature pour que les leaders de la révolution aient pu être directement inspirés par la canonisation. Mais lorsque des milliers de gens enthousiasmés et renforcés sont retournés de Rome, après la canonisation, c'était un réconfort et un défi pour tous. Depuis la semaine Palach en janvier 1989, les pressions ont pris de l'ampleur et on pressentait que quelque chose allait se produire, tôt ou tard. Et c'est dans cette attente que la canonisation a eu lieu, au Vatican. Les autorités ont refusé qu'elle soit organisée à Prague, sous prétexte de ne pas pouvoir garantir la sécurité du pape. Mais elles n'ont pas pu refuser les visas à près de 10 000 catholiques qui s'y sont rendus.

Agnès, née en 1211, fille du roi Premysl Otakar 1er, renonce à une carrière politique à laquelle elle est prédestinée, ainsi qu'à toute demande de mariage, pour consacrer sa vie à Dieu. Elle est profondément influencée par François d'Assise. Après avoir créé un hôpital et une école dans la Ville-Ville de Prague, Agnès devient fondatrice de l'unique ordre tchèque de la confrérie hospitalière reconnue par le pape en tant qu'Ordre des chevaliers de la croix. Jusqu'à sa mort en 1282, Agnès reste à la tête de cet ordre dont la mission est de soigner les malades, aider les pauvres et accorder un asile aux pèlerins. Peu après sa mort, le peuple la prend pour une sainte, croyant que sur son intercession des miracles se produisent. Les tentatives de béatification n'aboutissent qu'en 1874. Plus de 700 ans après sa mort, le 12 novembre 1989, Agnès est canonisée, au Vatican.

Treize jours plus tard, près de 7000 personnes participent à une messe pontificale à la cathédrale Saint-Guy à l'occasion de sa canonisation. La messe est célébrée par le cardinal Frantisek Tomasek. Des milliers de gens rassemblés devant le palais archiépiscopal le saluent en scandant des mots d'ordre invitant à la séparation de l'Eglise de l'Etat et en demandant la liberté pour les religieux et l'accomplissement conséquent des droits constitutionnels. Cet événement s'inscrit dans la série des manifestations perpétuées qui culminent le 29 décembre, par l'élection de Vaclav Havel.