L'affaire de l'attentat contre l'ancien préfet du Bas-Rhin devant le tribunal de Prague

Un procès contre deux anciens officiers de la STB (police politique du régime communiste) a été ouvert à Prague. Milan Michel et Stanislav Tomes sont accusés d'avoir préparé en 1957 l'attentat contre le préfet du Bas-Rhin de l'époque André-Marie Trémeaud.

L'objectif de la STB était de simuler un attentat terroriste d'une organisation de néo-nazis allemands pour semer la discorde entre la France et l'Allemagne. L'attentat commandé par la police politique soviétique, le KGB, et réalisé par les services secrets tchécoslovaques devait bloquer l'intégration européenne naissante et la collaboration entre les anciens adversaires de la Deuxième Guerre mondiale. Un colis piégé en forme de boîte à cigares a été envoyé au préfet du Bas-Rhin, André-Marie Trémaud. Cependant, le colis posté à Paris par un agent secret tchécoslovaque n'a pas explosé, comme prévu, lors d'une réception de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Il a tué, trois jours plus tard, l'épouse du préfet, Henriette Trémaud. Les autorités françaises ont facilement décelé l'intrigue mais n'ont pas eu la possibilité de punir les coupables car ces derniers avaient déjà quitté la France.

Milan Michel,  photo: CTK
L'Office de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme n'a rouvert le dossier de cette affaire qu'en 1996 et cette initiative a finalement permis de traduire en justice deux anciens officiers de la STB. Milan Michel aurait amené, en avril 1957, le colis piégé en France, tandis que Stanislav Tomes aurait envoyé le colis de Paris à l'adresse d'André-Marie Trémaud. Le procès contre les deux accusés, aujourd'hui octogénaires et malades, a été ouvert lundi, mais la première audience a été close rapidement. Seul Milan Michel s'est présenté devant le tribunal, mais son avocat a tout de suite déclaré que, pour des raisons de santé, son client n'était pas capable de suivre les délibérations. La suite du procès a donc été renvoyée sine die.

On estime cependant que le procès est nécessaire et utile quelque soit son issue. Même si les deux accusés étaient finalement acquittés pour manque de preuves ou si leur condamnation n'était que symbolique à cause de leur âge et leur état de santé, le crime serait sorti de l'oubli. Selon le directeur adjoint de l'Office de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme, Pavel Brett, cité par le journal Mlada fronta Dnes, il ne s'agit pas d'une vengeance mais du minimum de justice que nous devons au moins à Henriette Trémaud à qui cet acte terroriste a coûté la vie.