La Tchèque Věra Jourová nouvelle vice-présidente de la Commission européenne

Зампредседателя Еврокомиссии Вера Йоурова, фото: Михаела Данелова, Чешское радио

L’eurocommissaire tchèque Věra Jourová reste à Bruxelles mais avec de nouvelles attributions. Après avoir été chargée notamment de la Justice et des droits des consommateurs dans la Commission Juncker, elle a été nommée hier par Ursula von der Leyen vice-présidente de la nouvelle Commission avec en charge un nouveau portefeuille, celui « des Valeurs et de la Transparence ». Eric Maurice dirige le bureau bruxellois de la fondation Robert Schuman :

Věra Jourová | Photo: Michaela Danelová,  ČRo
« Je pense que c’est une suite logique pour Věra Jourová qui devient vice-présidente. Elle va superviser le commissaire à la Justice Didier Reynders, qui lui sera en charge au quotidien de la question de l’Etat de droit. C’est plutôt une promotion puisqu’elle passe de simple commissaire à vice-présidente. C’est aussi la reconnaissance qu’elle a été une bonne commissaire et qu’elle a bien géré ses précédents dossiers, qui incluaient notamment le dossier sensible de la gestion des accords avec les Etats-Unis sur le transfert des données personnelles. On peut dire que c’est plutôt un bon poste pour elle dans la nouvelle Commission. »

On annonce une tâche compliquée à Věra Jourová concernant les potentiels conflits entre Bruxelles et Budapest, entre Bruxelles et Varsovie aussi, en cette année où la République tchèque préside le groupe des pays de Visegrad…

« Tout dépendra de comment les pays du groupe de Visegrad considèrent le rôle de Věra Jourová, parce qu’elle n’est pas représentante de la République tchèque à Bruxelles, elle est commissaire européenne en charge de ce dossier. Sur les procédures sur les questions d’Etat de droit qui sont en cours à Bruxelles contre la Hongrie et la Pologne, aujourd’hui c’est davantage entre les mains du Conseil des ministres. D’ailleurs, lundi prochain la situation en Hongrie sera évoquée à Bruxelles par les ministres des Affaires européennes. La Commission n’est pas en première ligne pour l’instant. »

« Dans les mois à venir doit être mis en place un outil supplémentaire sur cette question de l’Etat de droit : une évaluation annuelle de l’ensemble des Etats-membres selon des critères objectifs prédéfinis. Didier Reynders sera en charge de mettre en place ce mécanisme qui doit aussi permettre un rééquilibrage pour ne pas toujours pointer du doigt les mêmes pays d’Europe centrale et orientale si d’autres pays ont des déficiences quant à l’Etat de droit. Didier Reynders a été un des promoteurs de cette idée quand il était le chef de la diplomatie belge. Il sera sous l’autorité de Věra Jourová, mais ce n’est pas elle qui sera au quotidien dans les aspects les plus techniques de ce nouvel outil. »

Věra Jourová,  photo: ČT24
Věra Jourová doit-elle s’attendre à une audition difficile devant les députés européens, notamment à cause des ennuis du Premier ministre tchèque Andrej Babiš ?

« Je ne pense pas que ce soit l’une des commissaires qui sera le plus mis en difficulté, principalement parce que c’est une commissaire sortante. Les députés européens la connaissent déjà et elle a bien géré les dossiers dont elle avait la charge, comme la protection des données personnelles. »

« A Bruxelles on voit selon moi qu’elle n’est pas tout à fait alignée sur les positions d’Andrej Babiš, qu’elle a ses idées propres, peut-être un peu plus modérées et pro-européennes. Elle a bien travaillé au sein de l’équipe Juncker et est appréciée par les eurodéputés. Il y aura peut-être quelques questions sur la situation en République tchèque mais elle a gardé assez de distance par rapport à Andrej Babiš depuis quelques années pour ne pas être associée aux affaires qui le concernent. Je pense qu’elle pourra se sortir de manière assez convaincante de son audition au Parlement européen. »