La République tchèque va rendre hommage à Jan Palach

Le masque funéraire du jeune homme, réalisé par le sculpteur Olbram Zoubek, se trouve sur le mur de la Faculté des Lettres, photo: Filip Jandourek, ČRo

Dans une semaine exactement, le 16 janvier, 50 ans se seront écoulés depuis l’immolation du jeune étudiant tchèque, Jan Palach, souhaitant sortir la population tchécoslovaque de sa résignation après l’invasion de leur pays en août 1968. Pendant deux jours de nombreux événements sont prévus à Prague, et ailleurs en République tchèque, afin de rappeler ce sacrifice dont le retentissement fut à l’époque mondial. Tour d’horizon des principaux moments marquants de ces commémorations.

« Prague, Tchécoslovaquie. La population tchécoslovaque est en deuil. Jan Palach, un jeune étudiant en lettres, s’est donné la mort de la manière la plus terrible possible en protestation contre l’occupation de son pays. »

Le masque funéraire du jeune homme,  réalisé par le sculpteur Olbram Zoubek,  se trouve sur le mur de la Faculté des Lettres,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
En 1969, un journaliste britannique de la société d’informations British Pathé commente les funérailles de Jan Palach qui rassemblent des dizaines de milliers de personnes venues de tout le pays. Tous défilent devant le cercueil du jeune étudiant et viennent lui rendre hommage dans la cour de l’Université Charles à Prague. C’est justement là, que mercredi prochain sera dévoilée une dalle mémorielle en ce même endroit, dans la cour du Karolinum. Ce sera le second monument dédié à Jan Palach par son alma mater : depuis 1990, un masque funéraire du jeune homme, réalisé par le sculpteur Olbram Zoubek, se trouve sur le mur de la Faculté des Lettres. Le 17 janvier, une grande conférence internationale sera donnée au sein de l’Université, axée sur les conséquences historiques et morales du geste de Palach.

Autre lieu de mémoire important lié à Jan Palach : le haut de la place Venceslas et l’esplanade sous le Musée national. C’est là qu’il y a presque un demi-siècle, le jeune homme s’est aspergé d’essence avant de s’immoler. C’est aussi là que se déroulera mercredi prochain, à partir de 11h le vernissage d’une exposition organisée par l’association Mene Tekel et l’Institut pour l'étude des régimes totalitaires suivie, à partir de 12h30 d’une cérémonie du souvenir et d’événement culturels afin de rappeler le destin de Jan Palach mais aussi celui d’autres personnes qui, comme lui, se sont sacrifiées par le feu dans l’ancien bloc communiste.

Jan Palach
Mais Prague ne sera pas le seul endroit en République tchèque à rappeler ce 50e anniversaire. Des cérémonies du souvenir se dérouleront également dans la ville de Mělník, en Bohême centrale, où Jan Palach fit ses études secondaires (le 16 janvier à 14h) ou encore non loin de là, à Všetaty, sa ville natale (le 19 janvier). C’est là, dans sa maison, rachetée par l’Etat en 2015, que le Musée national prévoit l’ouverture le 21 août prochain, d’un mémorial. Une exposition devrait y voir le jour, rappelant la vie et le destin du jeune homme.

L’Institut français de Prague n’est pas en reste, avec le 17 janvier, à partir de 18h, une rencontre avec l’écrivain français Anthony Sitruk à l’occasion de la parution en tchèque de sa biographie romancée La Vie brève de Jan Palach (https://www.radio.cz/fr/rubrique/special/la-vie-breve-et-romancee-de-jan-palach).

Enfin, si le président tchèque Miloš Zeman n’a pas daigné prononcer de discours à l’occasion du cinquantième anniversaire du 21 août 1968, date de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, ni même à l’occasion du 29e anniversaire de la révolution de Velours, le 17 novembre dernier, il a fait savoir qu’il rendrait hommage à Jan Palach par le dépôt d’une couronne… par l’intermédiaire d’un des représentants à la chancellerie présidentielle.

Hors des frontières de République tchèque, c’est un hommage beaucoup plus préoccupant qu’a récemment signalé le quotidien italien La Repubblica : le 19 janvier prochain un concert d’un groupe néo-nazi doit se dérouler à Vérone, le jour anniversaire de la mort de Jan Palach. Une nouvelle qui a suscité la polémique sur place mais également dans les rangs des politiques tchèques. Ce n’est pas la première fois que Palach fait l’objet d’une récupération politique par l’extrême-droite : en mai dernier déjà, en France, la mairie de Béziers dirigée par Robert Ménard avait inauguré un buste en son honneur.

'Palach' de Robert Sedláček,  photo: CinemArt
Le 2 février prochain sera enfin sans doute l’occasion d’un autre rappel de la mémoire de Jan Palach, avec la remise des Prix de la critique du cinéma. Le biopic de Robert Sedláček, retraçant les derniers mois de la vie du jeune étudiant précédant son immolation, a d’ores et déjà récolté le plus de nominations, dans six catégories en tout, dont celle du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur.