La République tchèque touchée par le vieillissement de la population

Photo: Commission européenne

A l’image des autres pays européens, la République tchèque connaît un déficit démographique et va être confrontée au vieillissement de sa population. Si ce déficit n’est pas comblé par l’immigration, les analystes prévoient que le pays aura perdu 1,8 millions d’habitants en 2065.

Photo: Štěpánka Budková
L’Office tchèque des statistiques a rendu publique une étude menée dans chaque région tchèque. Elle conclue à une baisse de la population allant de -13 à -23 % selon les régions dans les 55 prochaines années, une baisse qui touchera prioritairement les régions les plus rurales. Ce n’est pourtant pas la fécondité qui est en cause, comme l’explique la démographe Michaela Němečková, de l’Office tchèque des statistiques :

« Les projections présument une augmentation de la fécondité dans toutes les régions de la République tchèque dans les années qui viennent, jusqu’au niveau de 1,72 enfants par femme en 2050. En 2008, le taux de fécondité était de 1,50 enfants par femme. Il y a donc en moyenne une augmentation. »

Photo illustrative: Barbora Němcová
Pourtant, la fécondité, dont le taux reste en dessous du taux de renouvellement des générations, ne pourra pas compenser la mal qui risque de toucher le plus la République tchèque, le vieillissement de sa population. Michaela Němečková :

« La part de la population en âge post-productif, c’est-à-dire les personnes qui sont âgées de plus de 65 ans, va augmenter, et ira d’au moins 13 ou 14% de la population à un tiers de la population. Dans les années 2030, on peut présumer que pour 100 enfants, on aura 200 séniors. »

Photo: Commission européenne
Le rallongement de la durée de vie est plutôt une bonne nouvelle ; la moyenne pour les hommes devrait s’allonger à 86 ans et demi et à 90 ans pour les femmes. Mais elle pose des problèmes en termes de démographie. Et c’est souvent l’immigration qui est appelée au secours pour contrer le vieillissement de la population et le déficit démographique. Le lien n’est pourtant pas si évident, comme le remarque le géographe Dušan Drbohlav :

« Les calculs montrent que pour que la République tchèque ne perde pas nombre de ses habitants, les migrants peuvent aider, et même la sauver. Mais si nous voulons renverser nos problèmes démographiques, le vieillissement de la population et le faible taux de fécondité, l’immigration n’est pas d’un grand secours. Il existe le concept de ‘migration de remplacement’ formulé par les Nations unies il y a une dizaine d’années, et qui montre clairement que les migrants ne peuvent pas arrêter le processus de vieillissement de la population. Il faudrait, dans le cas tchèque, des dizaines de millions de migrants à l’horizon de 2040 ou 2050 pour endiguer la hausse de l’âge moyen de la population tchèque qui est autour de 40 ans aujourd’hui, ce qui n’est bien sûr pas possible. L’immigration n’aide pas contre le vieillissement de la population mais elle aide à maintenir, à stabiliser le niveau démographique de la population. »

Pour Dušan Drbohlav, l’immigration est aussi indispensable pour renverser les problèmes démographiques qui se manifestent sur le marché du travail.