La République tchèque a du mal à s'ouvrir aux étrangers
A l'approche de l'entrée de la République tchèque dans l'UE, les Tchèques se posent de plus en plus de questions sur leur accès au marché du travail européen. Mais l'inverse n'est pas moins intéressant : d'après un sondage du Centre de recherche en opinion publique, de nombreux Tchèques seraient hostiles à l'idée d'une Bohême et d'une Moravie multinationales et multicolores.
Plus étonnant encore, ces attitudes quelque peu xénophobes sont les plus marquantes à Prague et dans d'autres grandes villes, ainsi que dans le nord-ouest du pays. "Les plus hostiles à l'égard des étrangers sont ceux qui ont le plus d'expériences avec les nouveaux venus", constate Hospodarske noviny. Si la République tchèque continue sa politique de migration, très sévère à l'échelle européenne, ses habitants n'ont rien à craindre. Seulement 2% des étrangers obtiennent l'asile en République tchèque et recevoir un permis de séjour de courte ou de longue durée n'est pas plus facile. Résultat : les étrangers ne représentent ici que 2% de la population, un chiffre bien inférieur aux 19% en Suisse, 9% en Allemagne et en Belgique, ou 6% en France.
La main-d'oeuvre bon marché, tant redoutée par les Tchèques, se recrute parmi les Ukrainiens, les Slovaques, les Vietnamiens et les Polonais. Le profil de l'immigré a changé depuis le début des années 1990 : les diplômés ont pris le pas sur les ouvriers. Mais les autorités tchèques ne semblent pas vouloir en profiter, et ce malgré, comme l'écrit l'hebdomadaire Respekt, "les prévisions économiques et démographiques sur la société vieillissante, inflexible, qui souffre d'un manque d'idées et de travailleurs." Le gouvernement a lancé un programme spécial destiné aux candidats étrangers pour des postes en Tchéquie, diplômés d'écoles supérieures et parlant le tchèque. Ils pourraient obtenir facilement le permis de séjour et, dans un délai très court de deux ans et demi, demander la citoyenneté tchèque. Une idée presque révolutionnaire, mais seulement au premier abord, car le projet est limité à trois nationalités : bulgare, croate et kazakh. Les communautés étrangères les plus importantes en Tchéquie sont, quant à elles, hors-jeu.