La présidence tchèque de l’UE s’engage dans le projet du gazoduc Nabucco

Photo: www.nabucco-pipeline.com

Après la crise causée par le récent arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine vers l’Europe, la recherche d’autres alternatives d’approvisionnement en gaz est devenue indispensable. Parmi ces alternatives, le projet de construction du gazoduc Nabucco vient d’être ressorti des tiroirs lors du sommet réunissant les parties intéressées à Budapest.

La naissance du projet du gazoduc Nabucco, long de 3 300 kilomètres, qui amènerait le gaz des confins de la Caspienne jusqu’en Autriche, date de 2002. Après la controverse qui a opposé l’Ukraine à la Russie et qui a conduit à la récente crise du gaz et à la mise en danger des économies de plusieurs pays de l’Union européenne totalement dépendants du gaz russe, le projet de construction de Nabucco revêt une nouvelle importance. Ceci a été mis en évidence, mardi, par le président du Conseil de l’Union européenne et Premier ministre tchèque, Mirek Topolánek, au sommet de Budapest. A la fin de celui-ci, le Premier ministre hongrois, Ferenc Gyurcsany, pouvait déclarer avec satisfaction que « Nabucco a dépassé le stade du point mort ».

Mirek Topolánek et Ferenc Gyurcsany,  photo: CTK
Cependant, avant que le gaz d’Azerbaïdjan, éventuellement du Turkménistan, ne commence à arriver en Autriche, le projet Nabucco devra surmonter plusieurs obstacles : en premier lieu son financement, mais aussi son approvisionnement en gaz, car pour l’instant il ne peut compter que sur le gaz azerbaïdjanais du fait que le Turkménistan a signé des contrats de livraison à long terme avec la Russie. Pour le Premier ministre tchèque, le projet Nabucco est un test de l’intégration européenne et, d’après lui, tant que l’Union européenne ne s’approvisionnera pas en matières premières énergétiques de sources diversifiées, sa liberté et son indépendance seront menacées. Le financement du projet, d’un montant de 8 milliards d’euros, ne devrait pas représenter un gros problème si certains facteurs sont pris en compte comme l’explique Mirek Topolánek :

« Si nous effectuons le décompte des pertes causées par la crise du gaz, qui a duré trois semaines, et que nous l’étalons sur une période de dix ans, il s’avère que ce financement n’est pas aussi énorme qu’on pourrait le penser. »

A propos du financement justement, le commissaire européen à l’énergétique, Andris Piebalgs, n’a pas confirmé la participation de l’Union européenne, mais ne l’a pas démenti non plus. Il a quand même tenu à préciser que les institutions européennes devraient offrir des crédits et des garanties plutôt que leur propre capital. A l’adresse de la Russie, qui ne voit pas d’un bon œil la réalisation de Nabucco, le Premier ministre tchèque a déclaré que ce projet n’était pas orienté contre les intérêts russes, mais que sans la diversification de ses sources d’énergie, l’indépendance de toute communauté n’était qu’une illusion. Les participants au sommet de Budapest sont unanimes sur un point : il est temps de créer des sources alternatives d’énergie. De son côté, le président de la Commission européenne, José Barroso, a été clair : pour lui, en 2015, le gaz transitera par Nabucco. La Commission européenne a réagit rapidement en débloquant, une journée seulement après le sommet de Budapest, 250 millions d’euros qui serviront au financement de crédits et de garanties pour le projet, par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissements. Prochain moment-clé en février, avec le voyage du Premier ministre tchèque en Asie, avant la signature des contrats de réalisation en mars et le sommet du Partenariat oriental regroupant l’Union européenne et les Etats postsoviétiques en mai prochain, à Prague.