La mendicité des jeunes, un nouveau phénomène urbain

Photo: Commission européenne

Les grandes villes en République tchèque doivent faire face au nouveau phénomène de la mendicité des jeunes. Malgré l’interdiction de mendier dans certaines villes, les policiers sont contraints de régler toujours davantage les cas de personnes faisant la manche dans les rues.

Photo: Commission européenne
A Prague, un arrêté municipal interdit de mendier depuis l’année 2000 déjà. Or, depuis le début de l’année 2016, les policiers pragois ont été confrontés à près de deux fois plus de cas de mendicité qu’en 2015, que ce soit dans le centre-ville, les parcs, les gares ou devant les églises. Porte-parole de la police municipale de Prague, Irena Seifertová confirme :

« Depuis le début de l’année, les policiers ont été confrontés à 2 098 cas de mendicité. A titre de comparaison, au cours de la même période l’année dernière, les policiers avaient enregistré 995 cas de personnes faisant la manche. »

Toutefois, pour l’agent de police Vojtěch Obrdlík, qui patrouille quotidiennement dans les rues de Prague, cette hausse du nombre de mendiants s’explique :

« Je crois que les mendiants se diversifient. Les anciens partent, de nouveaux arrivent. Et ces nouveaux ne savent pas encore comment s’y prendre, ils ne font pas attention et ils ne se cachent pas à temps. Et on parvient donc à les attraper. »

Photo: Kristýna Maková
A Český Krumlov, une des villes les plus visitées du pays après Prague, les habitants se plaignent depuis plusieurs mois auprès de la municipalité de la présence de mendiants harcelant les touristes. Finalement, la municipalité de Český Krumlov a embauché des agents privés de sécurité, qui font désormais le tour du parc de la ville, des quais et des parkings hautement fréquentés par les touristes. Un des agents de sécurité a révélé :

« Au départ, lorsque l’on a commencé à se rendre dans les différents lieux à haute fréquentation, les personnes que l’on réprimandait se moquaient pas de mal de nous. Elles ne nous prenaient pas au sérieux. Avec le temps, il s’est avéré qu’on avait quand même de l’influence. Elles ont abandonné les parcs et se sont déplacées vers des endroits où elles ne dérangent personne. »

Depuis le début du mois de juillet, les conseillers municipaux de la ville de Jihlava, située dans la région de Vysočina, ont de leur côté édité un arrêté municipal interdisant de mendier dans les rues ; un arrêté qui peut, selon l’adjoint du maire de la ville de Jihlava, être revu d’ici un an.

Pourtant, le ministère du Travail et des Affaires sociales avait déjà versé la somme de 6,5 milliards de couronnes (240 millions d’euros) provenant des subventions du dernier programme de financement de l’UE ; une somme qui a été versée aux régions, aux villes ou aux associations, et destinée aux personnes dans le besoin ainsi qu’aux sans-abri. Employée de la maison d’asile Charité du huitième arrondissement de Prague, Jana Ivančicová précise :

Photo: Kristýna Maková
« Si le client veut se vêtir, manger ou se laver, il obtiendra ce service gratuitement lorsqu’il en aura besoin. Nous n’interdisons pas aux clients de mendier, mais nous leur proposons cependant la possibilité d’obtenir des prestations en cas de besoin matériel, ainsi que des offres de travail. »

Selon les dernières informations de la police de toute la République tchèque, on constate néanmoins de plus en plus de jeunes personnes qui font la manche. Malgré l’existence de ces différents arrêtés et face à l’afflux constant de touristes, les personnes qui mendient dans les rues ne semblent pas dissuadées par une éventuelle amende d’un montant de 5 000 couronnes, soit environ 185 euros ; somme qui peut toutefois être difficilement obtenue en cas d’infraction.