La guerre des oeufs

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Cela a commencé jeudi 14 mai dans la ville de Kolín lors d’un meeting du Parti social-démocrate pour la campagne pour les élections européennes. Le chef de la Social-démocratie Jiří Paroubek y est devenu, pour la première fois, cible d’une attaque de jeteurs d’œufs et de tomates. Depuis, les attaques à l’oeuf se sont répétées pratiquement à chaque meeting du Parti social-démocrate.

Vendredi dernier, plusieurs jeunes ont apporté des oeufs au meeting de la Social-démocratie dans la ville de Příbram. Dans le public il y avait le reporter de Český rozhlas (Radio publique tchèque) Zdeněk Hejkrlík qui a expliqué par téléphone :

«Sur le podium Jiří Paroubek a tout d’abord qualifié les jeunes contestataires d’enfants et leur a recommandé d’aller dans une pâtisserie. (…) L’un des jeunes a apporté une boîte de six œufs en disant qu’il voulait les remettre à Jiří Paroubek. Lors d’une bousculade, les gardes du corps les lui ont fait tomber des mains.»

Selon le reporter, les jeunes récalcitrants niaient cependant sympathiser avec les adversaires politiques de la Social-démocratie. L’un d’eux a évoqué dans ce contexte le ressentiment des jeunes à la suite de l’intervention radicale de la police contre la rave partie Czechtek en 2005, intervention approuvée par Jiří Paroubek qui était alors premier ministre.

Toujours est-il que les attaques à l’oeuf compliquent assez sérieusement la campagne électorale de la Social-démocratie et éprouvent la patience de son président. Les jeteurs d’oeufs s’organisent sur le web. Ils sont déjà quelque 15 000 à se joindre à l’initiative «Les œufs pour Paroubek » sur le serveur Facebook. La Social-démocratie a d’abord accusé le Parti civique démocrate (ODS), son principal rival politique, d’avoir orchestré cette provocation, mais l’accusation a été tout de suite rejetée par les leaders de l’ODS. Après quelques réactions irréfléchies, les sociaux-démocrates cherchent maintenant les moyens plus efficaces et plus subtils pour déjouer cette initiative.

L’affaire est largement commentée par les médias et la polémique qu’elle alimente en dit long sur l’objectivité des journalistes tchèques. Tandis que la majorité d’entre eux constatent que l’œuf ne peut pas servir d’argument politique, certains n’arrivent pas à cacher leurs sympathies pour les jeteurs d’œufs. Adam Drda, journaliste de Radio Česko, une des chaînes de la radio publique tchèque, cherche à expliquer les motifs des protestateurs par la personnalité de Jiří Paroubek:

«Chez les gens sensibles le comportement du président de la social-démocratie provoque la peur, chez les personnes plus explosives le désir d’une résistance civique active. Il se présente comme un homme qui manque de sens de l’humour et de générosité.»

Le journal Právo voit cette situation bien différemment. Il souligne que le chef de la social-démocratie a été attaqué sur une place publique où il est venu travailler. «S’il y a en a qui n’aiment pas son travail et qui étouffent de rage quand ils voient Jiří Paroubek, écrit Právo, c’est quelque chose qu’on peut encore comprendre. Mais on ne peut pas approuver les procédés utilisés lors des meetings de Kolín et de Plzeň.»

Et les commentateurs de s’interroger si cette offensive contre Jiří Paroubek ne finira pas par mobiliser ses sympathisants et lui apporter des voix supplémentaires.