La centrale nucléaire de Temelín fait l’objet d’un débat jusqu’en France

La centrale nucléaire de Temelín

L’accident nucléaire de Fukushima fait ressurgir le débat à propos du nucléaire et en particulier sur la centrale nucléaire de Temelin qui est critiquée à l’étranger pour sa supposée dangerosité. Les autorités tchèques réfutent vivement ces critiques et assurent que la centrale nucléaire n’est pas plus dangereuse qu’avant la catastrophe.

La centrale nucléaire de Temelín
La centrale nucléaire de Temelín est située en Bohême du Sud et elle est opérée par la société de production d’électricité tchèque ČEZ qui est contrôlée par l’Etat. Située à 60 km de la frontière allemande et à 50 km de la frontière autrichienne, la centrale est composée de deux réacteurs et emploie environ 1000 personnes. La mise en service des réacteurs s'est déroulée en juin 2002 et avril 2003. La centrale a été l'objet de fortes critiques en République tchèque mais aussi surtout en Autriche, car elle présenterait pour ses détracteurs un risque majeur pour la région. D'après les organisations écologiques, aussi bien tchèques qu'autrichiennes, les réacteurs sont des prototypes qui n'ont pas été testés assez longtemps.

Les critiques ne sont pas seulement régionales, elles proviennent également de France. Le député européen et fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen a publié un communiqué de presse le 16 mars qui pointe du doigt la centrale de Temelín. Il a accordé une interview à Radio Prague ce mercredi où il s’est expliqué plus en détail :

Jean-Marie Le Pen
« Depuis 2002 où elle est entrée en service, elle a connu plus de 200 incidents. Cela a d’ailleurs crée une tension certaine en particulier avec l’Autriche. Cette centrale est située au cœur de l’Europe, elle est à grande proximité de tous les pays européens. C’est pour cela que j’ai attiré l’attention sur cette centrale, je ne suis pas le premier je pense. »

Il a également questionné l’accord qui s’est conclu entre le gouvernement français et le gouvernement tchèque en février dernier sur la construction des 3ème et 4ème tranches de la centrale de Temelín :

« Il me paraît un petit peu étonnant qu’on veuille agrandir le risque à Temelín alors qu’il y a des interrogations qui sont émises. Construire une nouvelle tranche à cet endroit-là me paraît donc étonnant. »

Petr Nečas,  photo: CTK
Des politiciens bavarois, en particulier ceux du parti écologiste, vont encore plus loin et réclament l’arrêt pur et simple de Temelín. Le gouvernement tchèque avait vivement réagi le 17 mars dernier par l’intermédiaire du Premier ministre Petr Nečas :

« Le gouvernement tchèque devrait être complètement fou pour accéder à cette demande. Les centrales nucléaires représentent un tiers de notre production énergétique. Fermer les centrales signifierait un effondrement de notre économie. »

Concernant la dangerosité de la centrale, la présidente de l’Agence nationale de la sécurité nucléaire tchèque, Dana Drábová a réfuté ces critiques :

Dana Drábová,  phoot: CTK
« Si nos réacteurs étaient sûrs avant la catastrophe de Fukushima, et ils l’étaient, ils le sont également aujourd’hui. De ce point de vue rien n’a changé pour la République tchèque ou pour l’Europe. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima mais cela fera l’objet d’une analyse approfondie. »

Du côté de la classe politique tchèque, il semble y avoir un consensus car hormis les partis écologistes aucun parti ne remet réellement en cause l’énergie nucléaire. Même l’opposition communiste soutient la position du gouvernement. Nous avons joint Kateřina Konečná (KSČM) :

« Le parti communiste soutient de manière générale l’énergie nucléaire et son utilisation. Nous soutenons donc la construction de deux nouvelles tranches à Temelín car nous pensons que le nucléaire reste l’énergie la plus propre et la République tchèque doit rester un pays auto-suffisant en matière d’énergie. »

La députée a également ajouté que la République tchèque devait se doter de la technologie la plus récente et la moins polluante.

Il est toutefois incontestable que la catastrophe nucléaire au Japon va compliquer les politiques des pays européens qui souhaitent maintenir le cap en matière de production d’énergie nucléaire. Les gouvernements ne peuvent se contenter d’effectuer des contrôles habituels mais doivent être en mesure de rassurer de manière crédible l’opinion publique sur la sécurité des centrales nucléaires.