La cathédrale Saint-Guy à Prague révèle ses trésors

Charles IV
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Charles IV, roi de Bohême et empereur du Saint-Empire romain germanique, n'est pas seulement le plus grand Tchèque de tous les temps. Il est aussi synonyme de la grandeur de la Bohême, et son nom est associé dans les esprits au rayonnement de Prague en Europe. Rien d'étonnant donc à ce que la découverte d'un caveau royal, à la cathédrale Saint-Guy de Prague, ait récemment fait la une de plusieurs quotidiens tchèques.

Né en 1316, Charles IV est une figure essentielle de l'histoire de la Bohême : baptisé Vaclav à sa naissance, il choisit le nom de Charles d'après celui du roi de France de l'époque. Il sera à l'origine de la première grande université d'Europe centrale, établie sur le modèle de la Sorbonne, et qui porte toujours son nom, cette fondation n'étant que l'une de ses oeuvres qui, à l'époque, firent de Prague une capitale royale et impériale sans précédent. Lorsqu'il décède en 1378, son corps est embaumé et déposé dans le caveau aujourd'hui retrouvé.

Les détails de la découverte seront officiellement présentés au public début juillet. Pourtant, les premiers échos des résultats des fouilles menées par une équipe d'archéologues dans les sous-sols de la cathédrale Saint-Guy, au pied de l'autel, laissent déjà présager de son importance. Cinq ans de travaux pour aboutir, il y a deux mois, à la confirmation des spéculations des chercheurs : longtemps, on a ignoré l'endroit où avait été déposé le corps du roi de Bohême et empereur Charles IV. Une chose est sûre, celui-ci ne s'y trouve pas puisqu'en 1590, ses restes ont été déplacés. Ils se trouvent à l'heure actuelle dans la crypte royale, ouverte au public, où les visiteurs peuvent voir un monument funéraire moderne datant des années 30, une sorte de gros caisson en métal massif qui exprime plus une idée de monumentalité que d'élégance. Par contre, quelques restes de cercueil et d'ossements auraient été retrouvés dans le caveau découvert dans le choeur, ceux des épouses royales Anne de Svidnice (Anna Svidnicka) et Anne de Palatinat (Anna Falcka) selon toute vraisemblance.

C'est en étudiant des fragments architecturaux de l'ancienne église romane, sur laquelle a été édifiée ensuite la cathédrale gothique, que les archéologues Jana Marikova et Milena Bavermanova ont mis à jour des espaces encore inconnus autour de l'autel principal. Leur étude a été par la suite menée de manière originale, afin d'éviter d'abîmer les sous-sols de la cathédrale : c'est grâce à une sonde munie d'une caméra glissée dans un trou creusé à cet effet que l'équipe de recherches a pu réaliser une série de photos inédites du site.

Ces recherches ont par ailleurs permis de réaliser que l'emplacement du caveau avait été connu il n'y a pas si longtemps que cela : il y a 130 ans, le restaurateur de l'autel, Josef Mocker, avait bien fait la même découverte, vraisemblablement extrait l'essentiel de ce qui s'y trouvait, consignant même l'emplacement sur les plans qu'il avait réalisés, avant de faire recouvrir le tout. Depuis, ces premières fouilles étaient complètement tombées dans l'oubli, jusqu'à ce que les archéologues tchèques se replongent dans la consultation des plans de Mocker.