La campagne tchèque pour la Constitution européenne : oui ou non ?

Petra Masinova présente le logo pour la campagne d'information, photo: CTK
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Faut-il continuer la campagne pour la ratification, en dépit du "non" massif des Français au Traité constitutionnel européen ? Le sujet fait actuellement couler beaucoup d'encre, à Prague, et il a même été à l'origine d'une polémique au sein de la coalition gouvernementale pro-européenne. L'un de ses membres, le parti chrétien-démocrate, a proposé d'arrêter provisoirement la campagne et d'attendre le résultat du sommet européen, le 16 juin prochain.

Petra Masinova présente le logo pour la campagne d'information,  photo: CTK
Une position inacceptable pour les deux autres partis gouvernementaux : la social-démocratie du Premier ministre Jiri Paroubek, et l'Union de la liberté. La question a été largement discutée mercredi matin, lors de la réunion des leaders des partis concernés. Comme annoncé à son issue, le chef du gouvernement a reçu, de la part de ses partenaires de la coalition, le mandat pour soutenir, lors du prochain sommet de l'UE à Bruxelles, le processus de ratification de la Constitution. Plus encore, Prague s'apprête à proposer ses propres scénarios de résolution de la crise européenne, par exemple la prolongation de la période de ratification de deux à trois ans.

Pour Petra Masinova, chargée par le gouvernement de l'organisation de la campagne d'information, il serait dommage de s'arrêter maintenant. D'autant plus que la campagne qui est juste en train de démarrer, serait une source d'informations sur l'Union, dont les Tchèques savent, hélas, très peu. D'ailleurs, le 'non' français a fait une bonne publicité à la Constitution en Tchéquie, son texte étant, paraît-il, très demandé, ces jours-ci.

Il n'empêche que sur les scènes politique et médiatique persistent des divergences de vues sur la tenue de la campagne en Tchéquie, ainsi que sur la Constitution en tant que telle : pour l'ODS, principale formation de l'opposition tchèque, la Constitution est "morte et enterrée" et les "efforts convulsifs" du gouvernement pour la ressusciter complètement inutiles. "Non, il ne faut pas mettre fin au processus de ratification. Mais que ce soit le nouveau Parlement qui décide de la forme que prendra ce dernier en République tchèque. Vu l'évolution imprévisible des choses, on peut très bien attendre jusqu'aux législatives de 2006", estime le quotidien économique Hospodarske noviny. Pour l'ancien euro-commissaire et négociateur de l'entrée de la République tchèque dans l'UE, Pavel Telicka, il est au contraire l'heure de donner la parole aux citoyens, des autres pays de l'Union et aux Tchèques en particulier : "Dans un pays où la classe politique et encore plus divisée que le public (...) il est nécessaire que les gens puissent s'exprimer à propos de la Constitution et de l'intégration européenne et donner un mandat clair aux hommes politiques pour les prochains débats sur le futur de l'Europe", écrit-il dans son article pour Mlada fronta Dnes, intitulé "Trop tôt pour délivrer l'acte de décès de l'UE".

Auteur: Magdalena Segertová
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