La Camargue de Josef Koudelka

Photo: Josef Koudelka
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Le photographe tchèque Josef Koudelka est revenu à Prague. Ces derniers temps le magicien du noir et blanc n'expose que rarement dans sa patrie. Il ne cesse, cependant, de travailler et récemment il a consacré un livre de photos panoramiques à la Camargue. C'est cette collection de photos qui est exposée, depuis ce mardi, à l'Institut français de Prague.

Josef Koudelka,  photo: CTK
Le paysage photogénique de la Camargue est photographié bien souvent, mais Josef Koudelka sait y poser un regard original. Il étale le sable blanc, l'herbe folle et le ciel tourmenté par le vent sur ses photos panoramiques d'une beauté austère, mais envoûtante. Pour réaliser le livre créé sur commande du Conservatoire du Littoral, il a vécu plusieurs semaines dans les paysages de la Camargue:

« Le bon photographe n'est pas seulement celui qui a des yeux fantastiques. De tels photographes sont d'ailleurs extrêmement rares. Cependant, même le photographe qui a ces yeux exceptionnels, doit créer d'abord les conditions pour qu'il puisse faire quelque chose de bon. Quand j'accepte donc une proposition comme celle de photographier la Camargue, je demande à visiter l'endroit en question au moins trois fois, et chaque visite doit durer au moins quinze jours. »

L'exposition 'Josef Koudelka-Camargue',  photo: CTK
La collection de photos de la Camargue confirme un changement qui se produit depuis quelque temps dans l'oeuvre de l'artiste, considéré parfois comme le photographe de la destruction, témoin implacable de la dévastation de notre planète. C'est peut-être valable pour les livres de photos panoramiques « Mission Photographique Transmanche », « Le Triangle Noir » et « Reconnaissance Wales ». Mais avec le livre « Teatro del tempo » qui évoque Rome en tant que théâtre du temps modelé par des civilisations disparues et aussi par celle qui est la nôtre, cette vision du monde change. Le livre sur la Camargue semble confirmer ce changement. Olga Poivre d'Arvor, initiatrice de l'exposition à l'Institut français, suit de près l'évolution du photographe, son ami :

L'exposition 'Josef Koudelka-Camargue',  photo: CTK
« Je crois que c'est une question du regard qu'il pose sur certaines choses, à une certaine étape de sa vie. Et il se trouve qu'à un certain moment de la vie il était passionné par les paysages qui nous disaient « attention ! ». Il nous appelle à porter l'attention à la nature qui se dégrade. C'est surtout ça. Donc c'était l'étape du « Triangle noir », une grande exposition montée à Prague en 1994. Et après, il est le voyageur qui se ballade dans le monde et il y a une autre chose qui l'intéresse. Maintenant, il l'a dit lui-même, on en a beaucoup parlé, il veut s'apaiser. Il va avoir soixante-dix ans, donc il cherche la paix comme nous tous. Je crois que c'est surtout ça. Instinctivement il va vers autre chose. »

On peut dire que c'est un tournant, que c'est une tendance qui va se poursuivre à l'avenir ?

« Il est imprévisible. On va voir si cette tendance va se poursuivre ou pas. Cela peut tourner dans une autre direction, il peut reprendre aussi l'homme, l'être humain, en tant que thème de travail. On ne sait pas. Il est imprévisible. »

L'exposition « Josef Koudelka-Camargue » sera ouverte à l'Institut français, jusqu'au 16 décembre.

Photo: Josef Koudelka